13.6.12

1ère journée Euro 2012 : The Récap'


Pour tout fan de foot qui se respecte, le mois de Juin est un mois qu’on vénère. Sauf peut-être pendant les inutiles années impaires. Chaque juin a sa saveur, sa particularité. Celui d’une coupe du monde est un grand festin, une énorme kermesse où (presque) tout le monde est invité. Celui d’une coupe d’Europe, comme le présent juin 2012, est plus intimiste. Le plaisir y est donc plus intense pour un mordu du satané gonfle rond.

La version 2012 de l’Euro a lieu en Polognukraine. De prime abord, attribuer l’organisation à ces deux pays n’est pas une très bonne idée. C’est vrai, les valeureux européens de l’Est finissent in-extremis les travaux poussés par un Platini râleur (comme s’il n’était pas prévenu). Le problème ne se situe pas là. Pologne + Ukraine qualifiés d’office, ça rime avec deux places de moins pour des sélections plus fortes. J’ai une pensée particulière à cette Turquie qui nous a fait vibrer en 2008, la génération pétillante dont dispose la Serbie à l’heure actuelle, cette formidable équipe belge, ou encore les Suisses d’Hitzfeld qui viennent de corriger la Mannschaft en amical il y a quelques jours.
Qu’à cela ne tienne ! L’Euro garde toute sa splendeur. En quatre petits jours, tous les grands d’Europe font leur entrée en matière. France-Angleterre, Espagne-Italie et Portugal-Allemagne se jouent lors de la première journée, alors qu’il faut attendre au moins deux bonnes petites semaines en coupe du monde pour s’offrir une de ces affiches alléchantes.

La Pologne tend les bras à l'Europe, La Russie intimide

Après le Panenka, on a droit à des Robben
Vendredi. 17h17. Premier frisson. Oui, un vrai frisson pour un Pologne-Grèce. Piszczek tend un délice de centre et Lewandowski ne refuse pas l’offrande. Le Stade national de Varsovie avait pris les airs d’un Signal Iduna Park le temps d’une combinaison à yeux clos. Les Grecs aiment les épopées, et se mettent donc volontairement en difficulté. L’expulsion de Sokratis et la blessure de Papadopoulos ont rendu plus belle encore l’égalisation de Salpingdis, cinq minutes après son entrée en jeu. Tragédie en cours. Le même Salpingdis provoque l’expulsion du portier polonais Szczęsny. Son suppléant, le jeune Tytoń, implore les dieux du stade pour son baptême de feu. Karagounis fait une Robben. Prière exaucée. Le caméraman montre dans la foulée Szczęsny jubilant devant l’écran des vestiaires. L’Euro est si bon.
Une quarantaine de minutes plus tard, les russes avaient pour mission d’annihiler tout espoir de printemps de Prague. Arshavin, en véritable tsar, mène ses rouges vers un 4-1 ne souffrant d’aucune contestation. Ceux qui ont vu le match retiendront la prestation d’un certain Václav Pilař, atypique droitier au centre de gravité très en bas. Il fera le bonheur du VFL Wolfsburg l’année prochaine.

Un samedi comme il n'y en a pas deux

Le samedi s’annonce beau, avec un menu copieux pour tous ceux qui respirent foot. Comme si le groupe de la mort à lui seul ne suffisait pas, le Brésil défie l’Argentine au New Jersey et le Maroc joue sa survie face aux ivoiriens. Les bataves étaient chargés de lancer les hostilités face à des danois en posture de parfaits lièvres de course. Après une entame de match où la réussite leur a tourné le dos, les hommes de Van Marwijk ont logiquement été pris à contre pied par Krohn-Dehli, attaquant de Brondby. La suite est un concert d’improbables maladresses néerlandaises, dont la palme d’or revient à un Van Persie en étouffante concurrence avec Klaas Jan-Huntelaar.

Gomez a finalement justifié sa titularisation
Allemands et Portugais se regardent dans les yeux, tant ce 1-0 danois brouille les cartes de ce groupe B. A l’heure de s’expliquer sur l’Arena de Lviv, les deux équipes fournissent un match si intense que ça a fini par déteindre sur la justesse technique des 22 protagonistes. Ceci dit, les teutons maîtrisent leur sujet et développent leur jeu face à des lusitaniens attentistes face au rouleau-compresseur allemand. Le trio Veloso-Moutinho-Meireles défend certes bien, mais la transmission vers les avant-postes laisse à désirer. Bento n’a surtout pas trouvé un avant-centre digne de la seleçcão. Quelqu’un qui, comme Mario Gomez, peut peser sur les défenses et marquer son but de la soirée. Le Portugal essaie de recoller au score mais Neuer dégoute Ronaldo, comme il y a quelques semaines en demis de la C1.

L'Italie rappel à l'ordre, Bilic y va de son solo

Vieux briscard, Di Natale ne rate pas sa 1ère occasion
Le lendemain, les yeux se sont tournés vers Gdansk. Les deux derniers champions du monde entament leur coupe d’Europe sur fond de rivalité historique. L’Italie est la bête noire des espagnols. Même en ces temps de faste, les ibériques ne sont plus parvenus à venir à bout des transalpins depuis les années 30 du siècle dernier. Il y a quatre ans, seuls les tirs au but avaient pu départager les deux sélections latines.
Le match s’annonçait intéressant bien avant le coup de sifflet de Viktor Kassai. Les deux sélectionneurs n’ont pas été conformistes en rédigeant leurs feuilles du match : le 3-5-2 de Prandelli devrait se mesurer à un 4-3-3 sans avant-centre, façon Barça. Sur le terrain, l’Italie est gênante. En face, Messi n’est pas de la partie pour s’incruster sur une passe d’Iniesta. Le match se débride petit à petit quand Di Natale mystifie Casillas après un raid héroïque de l’intarissable Pirlo. Les spectateurs ont à peine le temps de se projeter dans l’hypothèse de la victoire des Azzurri quand Silva déflore la charnière italienne d’une passe lumineuse vers un Fabregas ne se posant pas de questions face à Buffon. Le 1-1 est finalement le score idéal pour sanctionner une opposition aussi équilibrée.

L’Italie était également présente dans l’autre match de la soirée. L’éternel Giovanni Trapattoni mène une Irlande fière de sa deuxième participation depuis 88. La Croatie, à l’image de la Russie, avait laissé quant à elle une bonne impression en 2008 avant de rater le vol vers l’Afrique du Sud deux ans plus tard. Face au kick & rush à l’état pur des irlandais, les poulains de Slaven Bilic ont pu savamment poser leur jeu, aidés en ce sens par le subtil Luka Modric. Le brin d’espoir suscité par la tête énergique de St Ledger ne fait au final pas le poids face au doublé de Mandžukić. 3-1. La Croatie peut attendre l’Italie d’un pied ferme.

Avec Benzema, mais sans 9... Heureusement que Sheva est là!

Choc de générations milanistas
Derniers 100 mètres de ce premier tour de piste. France-Angleterre. Impossible de ne pas évoquer ce 13 juin 2004. L’Estadio da Lùz de Lisbonne voit Zidane renverser le score dans les deux dernières minutes face à des Anglais désabusés. C’était également lors de l’entame de la compétition. Et comme Lampard huit années plus tôt, Joleon Lescott ouvre le score sur une tête magistrale. Les Bleus, sonnés depuis le début du match, parviennent tout de même à égaliser par le biais d’un Nasri affuté. Les français maîtrisent le reste d’une rencontre au rythme très lent et ressortent du Donbass Arena avec un goût d’inachevé. A Kiev, les locaux s’étaient jurés de battre des suédois pas faciles à bouger. Ibrahimović impose son aura physique sur la rencontre avant d’ouvrir le score quelques minutes après la reprise. C’était sans compter sur un revenant. Andriy Shevchenko entretenait depuis belle lurette ce doux rêve de jouer cet Euro chez lui, même à 36 ans. Mais celui qui faisait trembler les terrains des quatre coins d’Europe ne pouvait pas se contenter d’un rôle d’invité d’honneur. Comme au bon vieux temps où il portait l’Ukraine sur ses épaules, Sheva inscrit deux buts de la tête et lance idéalement son pays.

Cette première journée a annoncé la couleur. L’Euro est tel un chocolat concentré à 99%. Massif, intense, dur et extrêmement bon.