7.11.11

J’ai regardé… Madrid-Villareal !

Jouissif ce Madrid ! C’est certainement subjectif mais sûrement pas tout faux. Les merengués ont livré hier soir de jolis, solides et efficaces partitions tout au long de la rencontre. L’adversaire du jour n’était pourtant pas des moindres, Villareal étant le club le plus régulier parmi les prétendants à la fameuse 3ème place de la Liga, parvenant même à s’immiscer à la deuxième marche du podium en 2008 devant un Barça en fin de cycle.

Un peu à l’accoutumée, les banlieusards valenciens avaient composté leur ticket pour la Champions League en fin de saison 2010-2011, tout en gardant les pièces maîtresses qui ont fait les beaux jours – et les belles soirées – du Madrigal pendant les 2 dernières saisons. Les cadres ont donc rempilé, à l’exception de Cazorla qui a répondu aux sirènes qataries venant de l’Andalousie. Ainsi Rossi, Nilmar, Cani et Valero revêtiront du jaune, rejoints par le prometteur De Guzman et le solide Zapata. 

Et pourtant. A l’incompréhension générale, les levantins réalisent leur pire début de campagne depuis des lustres. Sur le front de l’Europe, les poulains de Garrido ont hérité de la poule la plus relevée du continent. A mi-parcours, une défaite à domicile contre le Bayern, assortie de deux déconvenues face à Manchester City et Napoli. Les rencontres domestiques ne furent pas de meilleures copies, à l’instar de cette coulée magistrale contre Levante. 0-3 !


La sainte touche!
Cette visite au Bernabeù ne se profile donc pas au meilleur moment. Surtout avec des blancos tournant à plein régime. Mourinho insiste sur l’alternance entre Benzema et Higuain, tout en maintenant Kakà dans l’entrejeu. Dès les premières secondes de la rencontre, le ton est donné : un pressing étouffant au bord de la surface levantine, devant une équipe pourtant reconnue pour ses capacités de relance. Ni Borja Valero, ni Cani ne parviennent à arracher le gonfle à des merengués au bleu de chauffe. Mieux encore, la concrétisation ne tarde pas. Di Maria distille une exquise passe aérienne à un Benzema à la limite de l’hors jeu. Lob sur un Diego Lopez livré à lui-même, et par la même occasion 3ème passe décisive en 2 matchs pour le virevoltant argentin. Passage à la vitesse supérieure. En 13 minutes, les madrilènes tirent 7 fois au but, dont le plus beau finira dans les filets du pauvre Lopez : un paradisiaque enroulé du gauche de  Kakà qui marque – s’il en est encore besoin – le supplément de classe dont dispose le natif de Sao Paulo.

En alternance avec Higuain, Benzema n'a pas raté sa chance
Poussés par un Garrido au bord de la crise des nerfs, Borja et compagnie se souviennent peu à peu de leur football. De Guzman et Cani parviennent à placer des courses timides, jusqu’au moment où ils obtiennent un premier corner. Au lieu de relancer les espoirs des jaunes, ce corner donnera l’occasion aux Madrilènes d’exhiber un de leurs atouts majeurs : les contres meurtriers.  En quatre touches, Kakà décale Marcelo qui trouve Benzema au centre. Blocage parfait, Karim lance en profondeur un Di Maria qui n’a nul souci de parcourir le large du terrain en quelques secondes. La gauche flippante d’Angel ne peut que trouver mouche, et ainsi soit-il.

En 30 minutes, le Real a assommé un adversaire qui avait ses habitudes de troubles fêtes au Bernabeù. Vraisemblablement engueulés par un Mourinho qui ne fût pas satisfait du relâchement contre Malaga, les offensives castillanes n’ont pas baissé d’un cran cette fois. Relativement absent des festivités, Ronaldo s’est heurté à un Zapata égal à lui-même et à son niveau d’Udinese. Il est à noter également qu’il y a un joueur qui opère doucement une mutation aussi réussie que prévue : Ramos a ainsi profité de l’absence de Carvalho pour rassurer toute la sphère madrilène au propos de la défense centrale et du coup, du niveau de futur capitaine à vie du Real.

Sur le banc, personne n’est sûr du sort de Garrido. A l’opposé, Mourinho semble mener sûrement la barque de Florentino vers les contrées que tout madridista souhaite. Bon vent !   

   

J'ai regardé.. Man U-Man City


48 heures plus tard, je n’arrive toujours pas à croire que le derby mancunien a pu avoir une telle issue. Jusque là, le plus beau derby de Manchester, je l’avais vu sous la couette le 20 septembre 2009. Owen avait marqué de son empreinte un 4-3 historique. Qu’ils soient beaux, intenses ou ennuyeux, ces clashs finissaient sur les mêmes images : celles des Citizens dépités de voir des rouges arrivant toujours à prendre les devants, donnant ainsi l’impression qu’ils ont définitivement une classe au dessus.

Dernier exemple en date : la dernière édition de la Charity Shield. Manchester City menait à deux longueurs à la mi-temps. En face, Sir Alex alignait un De Gea toujours fébrile, le tout jeune Cleverley et un Welbeck qu’on dit enfin aguerri. Au sifflet final, c’est pourtant Vidic qui brandit la coupe. Sur le dernier contre de la partie, Nani a profité d’une bourde de Kompany pour asséner le coup de massue fatal à une City qui s’était vite fait rejoindre au score. Fergie est juste satisfait, Nani se marre. On réagit comme après un come-back face à un audacieux Norwich. Ils n’imaginaient pas ce qui les attendait.

Avant le coup d’envoi de ce 170ème derby, c’est Manchester City qui est en tête, à deux longueurs d’avance de leur adversaire du jour. Malgré le début de championnat tonitruant des Sky Blues, c’est bien vers les Red Devils que sont dirigés projecteurs et concerts de louanges. Une nouvelle génération qui émerge, un déconcertant 3-0 contre Tottenham, un 3-1 solide face à un Chelsea plus joueur que jamais, et surtout le séisme de magnitude 8 face aux mignons baby gunners. L’épicentre est toujours le même : Old Trafford, le même sur lequel se jouera le premier derby de la saison, et tant mieux. 

Mancini ne déroge pas à ses habitudes ‘conservatives’, alignant pour ce match une équipe nettement moins fringante que celle qui s’était baladée au White Hart Lane quelques semaines plus tôt. Nasri et Dzeko sur le banc, ce seront Touré, Milner et Barry qui s’occuperont de museler l’entrejeu. Devant, Agüero est associé – un peu à la surprise générale -  à Balotelli. Du côté de United, les pions s’entre-changent sans que cela se fasse ressentir.

C'est mignon!
Le début des hostilités est conforme aux attentes : des Citizens bien cantonnés derrière, regardant le duo Fletcher-Anderson s’amuser à poser le jeu. Passées les premières sirènes, Silva et Milner tentent une incursion qui semblait plutôt laborieuse. Faux semblant. Le génie espagnol commence une action conclue par un limpide plat du pied de Balotelli. Le controversé italien, exceptionnellement sobre, brandit le message « Why always me ? ». Traînant derrière lui une image d’incurable bad-boy, il était encore moqué la veille du match pour avoir provoqué un incendie dans son propre domicile. Comme un symbole, Super Mario a montré qu’il était aussi capable de mettre le feu dans celui des voisins. Et pas n’importe lesquels.

Les Red Devils ne sont pas assommés pour autant. Des buts contre le cours du jeu, ils en ont déjà encaissé par le passé sans que cela puisse empêcher d’heureux aboutissements. La première période s’achève sur une aussi cinglante qu’inutile possession de balle : 68% et pas la moindre occasion franche.  Au retour des vestiaires, Ferguson ne change rien à un dispositif qu’il juge capable de revenir au score. Une donne qui va tout de suite changer, entraînant derrière ce qui va être le pire souvenir de la vie de tout supporter mancunien. Johnny Evans est le dernier défenseur lorsqu’il accroche Balotelli à l’approche de la surface. Sanction suprême. A knock on the Hell’s door.

Doucement, la tendance est inversée. Ce sont plutôt les Reds qui courent derrière le gonfle. La surface mancunienne est largement plus prenable. Milner distille un centre appuyé à Balotelli qui ne s’est pas fait prier. 0-2 au score et 67% de possession pour les Citizens. Etourdissante deuxième période.

Tout simplement!
Sir Alex réagit comme il peut avec les rentrées de Phil Jones et Chicharito, sans que cela puisse débrayer la machine en face. Telle une boule de neige dans une pente à 45%, Mancini et ses protégés exorcisaient leurs démons, leurs humiliantes défaites, leur réputation d’éternels losers de la ville, et surtout l’arrogance d’un Man U qui se pensait imprenable. La frappe enroulée de Fletcher est bien belle, elle reste toutefois anecdotique face au démarquage d’Agüero, au doublé servi sang-froid de Dzeko, mais surtout face à ce virtuose qu’est Silva. 1-6. Choc thermique ? Choc frontal ? Inqualifiable choc que ce fût celui de voir Old Trafford vide au moment des derniers poignards. Inqualifiable aussi celui d’assister à une si brutale destitution du trône de Manchester.  Comment envisager un passage de témoin alors que Manchester était jusque là acclamée comme meilleur cru du Royaume ? Réponse définitive, le 28/04/2012 à l’Etihad Stadium. Can’t wait ! 

J'ai regardé.. Malaga-Madrid!



16 Mai 2010. Dernière journée du championnat d’Espagne. Il a encore fallu faire le tour des cafés pour espérer trouver un point de chute pour un madridista souhaitant regarder le match de son équipe, alors que simultanément le Barça s’apprêtait à fêter son 20ème titre au Camp Nou.  Madrid devait espérer une (trop) improbable chute des catalans face à Valladolid alors qu’en face, Malaga jouait le maintien. Devant une Rosalleda anxieuse, Van der Vaart et Ronaldo jouaient tels des joueurs profondément déprimés peuvent le faire. Fade match nul. Puyol soulève une énième coupe et Fernando Sanz, ex-joueur de Madrid et jeune président de l’équipe andalouse, chiale de bonheur dans les bras de Florentino Perez. 

Fernando Sanz, dans ses dernières heures
Quelques mois plus tard. Le jeune Sanz doit céder les clés de la boutique aux Qataris. L’une des équipes les plus « sympathiques » de la Liga devrait donc se muer en un virulent taureau. Les cheikhs, qui ne sont pas venus en Espagne pour se disputer les miettes laissées par les deux ogres, ont progressivement bâti une équipe qui a de la gueule : Cazorla, Joaquin, Baptista, Van Nistelrooy, Demichelis, Mathijsen, Toulalan mais aussi un certain Rodallega.  Pour mener ce beau monde, les gentils marchands de sable ont embauché un Pelligrini certainement revanchard depuis son évincement express du bord de la maison blanche.

Sur la lignée de la saison dernière, Les joueurs de Malaga ont montré qu’ils étaient capables du meilleur comme du pire (4 victoires, 1 nul et une large défaite 3-0 contre l’équipe surprise Levante). Le match de Madrid constitue alors un tournant stratégique pour les instances dirigeantes andalouses, qui mesureraient ainsi leur avancement par rapport à leurs « vrais » vis-à-vis.

Pelligrini ne pouvait pas aligner son meilleur onze pour cette rencontre, avec l’indisponibilité de Baptista et Van Nistelrooy. En face, Mourinho semble en phase de changer de stratégie pour cette deuxième saison sur le banc madrilène : alors qu’il comptait sur un 11 inamovible la saison dernière, le plus spécial des gueshs se permet cette année de changer sensiblement de dispositif d’un match à l’autre. Higuain et Benzema se partagent les minutes en pointe de l’attaque, et ce au moment où Kakà est venu s’immiscer entre Di Maria et Özil, permettant au Real de changer de visage en l’espace d’un changement : De la perforation et du pressing haut avec Angel, de la clairvoyance chez Mesüt et puis viennent s’ajouter les accélérations divines du revenant Ricardo.

Le match commence avec un pressing assez haut des andalous. Et comme chacun le sait, une équipe joueuse, c’est du pain béni pour ce Madrid. Pelligrini ne sait en tout cas jouer autrement, et voit donc ces anciens protégés dévorer les espaces laissés par Toulalan et compagnie. L’ex-lyonnais n’a pas pu faire mieux que ses anciens coéquipiers en milieu de semaine. Il semble dépassé par les évènements et manque de peu de provoquer un penalty sur un petit contact avec Ronaldo. Quelques secondes plus tard, Khedira est sensiblement en retard en stoppant la pénétration en surface de Joaquin. L’arbitre n’y voit également qu’une piètre simulation. Il aurait suffit de cette docile alerte pour lancer définitivement la machine infernale des merengues.

Ronaldo renoue avec les filets
Enormément d’espace pour ce Madrid qui s’était « heurté » à une défense plutôt compacte en début du match du mercredi. Ronaldo et Di Maria s’en frottent les mains. Ce dernier distille une merveille de passe à Higuain qui prenait de vitesse une défense hésitante. 1-0. Les merengués jouent très haut, à l’image de Khedira qui confirme les velléités offensives qu’il avait montrées contre Lyon. Kakà joue à la perfection son rôle de métronome dans l’entrejeu. Il était justement à l’origine de l’action menant au 2ème but : sublime passe aérienne à la direction de Di Maria, qui réplique par un centre suffisamment dosé pour trouver un Ronaldo démarqué. Cristiano, qui s’était démarqué ces dernières semaines par un altruisme remarquable, revient à ses premiers amours. Doux crochets. Demichelis dans le vent. Ballon croisé vers les petits filets gauches. La suite est connue de tous. Ronaldo avait inscrit son plus rapide hat-trick (en 10 minutes) l’année dernière au Sanchez Pizjuan. Il lui aura fallu un petit quart d’heure pour finir d’assommer les poulains de Pelligrini. Un spectaculaire kung-fu-goal a donc permis au portugais de rejoindre Messi en tête des buteurs de la Liga.

Le clan lusophone dans ses oeuvres
Le match est largement plié. En deuxième mi-temps, les madrilènes veulent nous faire croire – peut-être aussi à leur entraîneur – qu’ils sont toujours aussi concentrés sur leur sujet. Malaga commence son bonhomme de match avec 1 heure de retard. Jolis enchaînements tout en vitesse, débordements de Cazorla, Joaquin qui trouve la barre transversale sur coup franc, Seba qui voit son tir s’écraser sur le poteau droit de Casillas… Mourinho est fou de rage. Il sait toutefois que si ses joueurs n’avait pas tué le match,  le scénario de Levante aurait été largement envisageable.

La soirée tourne à la perfection quand, deux heures plus tard, Messi rate (oui !) un pénalty à la 94ème minute face à un Varas héroïque. Séville avait cumulé jusque là une série noire au Camp Nou, mais le bunker mis en place par Marcelino s’est avéré infranchissable malgré les 77% (ordinaires) de possession chez les catalans. Madrid est devant. Avec 18 points sur 24 possibles, on se permet de juger « poussifs » les débuts des culés. En pôle position, ni l’un ni l’autre, c’est plutôt Levante qui a pris d’assaut un Madrigal qui ne reconnaît plus son sous-marin. Mais ça, c’est une autre histoire…