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Mai 2010. Dernière journée du championnat d’Espagne. Il a encore fallu faire le
tour des cafés pour espérer trouver un point de chute pour un madridista
souhaitant regarder le match de son équipe, alors que simultanément le Barça
s’apprêtait à fêter son 20ème titre au Camp Nou. Madrid devait espérer une (trop) improbable
chute des catalans face à Valladolid alors qu’en face, Malaga jouait le
maintien. Devant une Rosalleda anxieuse, Van der Vaart et Ronaldo jouaient tels
des joueurs profondément déprimés peuvent le faire. Fade match nul. Puyol
soulève une énième coupe et Fernando Sanz, ex-joueur de Madrid et jeune
président de l’équipe andalouse, chiale de bonheur dans les bras de Florentino
Perez.
Fernando Sanz, dans ses dernières heures |
Quelques
mois plus tard. Le jeune Sanz doit céder les clés de la boutique aux Qataris.
L’une des équipes les plus « sympathiques » de la Liga devrait donc se
muer en un virulent taureau. Les cheikhs, qui ne sont pas venus en Espagne pour
se disputer les miettes laissées par les deux ogres, ont progressivement bâti
une équipe qui a de la gueule : Cazorla, Joaquin, Baptista, Van
Nistelrooy, Demichelis, Mathijsen, Toulalan mais aussi un certain
Rodallega. Pour mener ce beau monde, les
gentils marchands de sable ont embauché un Pelligrini certainement revanchard
depuis son évincement express du bord de la maison blanche.
Sur
la lignée de la saison dernière, Les joueurs de Malaga ont montré qu’ils
étaient capables du meilleur comme du pire (4 victoires, 1 nul et une large
défaite 3-0 contre l’équipe surprise Levante). Le match de Madrid constitue
alors un tournant stratégique pour les instances dirigeantes andalouses, qui
mesureraient ainsi leur avancement par rapport à leurs « vrais »
vis-à-vis.
Pelligrini
ne pouvait pas aligner son meilleur onze pour cette rencontre, avec
l’indisponibilité de Baptista et Van Nistelrooy. En face, Mourinho semble en
phase de changer de stratégie pour cette deuxième saison sur le banc
madrilène : alors qu’il comptait sur un 11 inamovible la saison dernière,
le plus spécial des gueshs se permet cette année de changer sensiblement de
dispositif d’un match à l’autre. Higuain et Benzema se partagent les minutes en
pointe de l’attaque, et ce au moment où Kakà est venu s’immiscer entre Di Maria
et Özil, permettant au Real de changer de visage en l’espace d’un
changement : De la perforation et du pressing haut avec Angel, de la
clairvoyance chez Mesüt et puis viennent s’ajouter les accélérations divines du
revenant Ricardo.
Le
match commence avec un pressing assez haut des andalous. Et comme chacun le
sait, une équipe joueuse, c’est du pain béni pour ce Madrid. Pelligrini ne sait
en tout cas jouer autrement, et voit donc ces anciens protégés dévorer les
espaces laissés par Toulalan et compagnie. L’ex-lyonnais n’a pas pu faire mieux
que ses anciens coéquipiers en milieu de semaine. Il semble dépassé par les
évènements et manque de peu de provoquer un penalty sur un petit contact avec
Ronaldo. Quelques secondes plus tard, Khedira est sensiblement en retard en
stoppant la pénétration en surface de Joaquin. L’arbitre n’y voit également qu’une
piètre simulation. Il aurait suffit de cette docile alerte pour lancer
définitivement la machine infernale des merengues.
Ronaldo renoue avec les filets |
Enormément
d’espace pour ce Madrid qui s’était « heurté » à une défense plutôt
compacte en début du match du mercredi. Ronaldo et Di Maria s’en frottent les
mains. Ce dernier distille une merveille de passe à Higuain qui prenait de
vitesse une défense hésitante. 1-0. Les merengués jouent très haut, à l’image
de Khedira qui confirme les velléités offensives qu’il avait montrées contre
Lyon. Kakà joue à la perfection son rôle de métronome dans l’entrejeu. Il était
justement à l’origine de l’action menant au 2ème but : sublime
passe aérienne à la direction de Di Maria, qui réplique par un centre
suffisamment dosé pour trouver un Ronaldo démarqué. Cristiano, qui s’était
démarqué ces dernières semaines par un altruisme remarquable, revient à ses
premiers amours. Doux crochets. Demichelis dans le vent. Ballon croisé vers les
petits filets gauches. La suite est connue de tous. Ronaldo avait inscrit son
plus rapide hat-trick (en 10 minutes) l’année dernière au Sanchez Pizjuan. Il
lui aura fallu un petit quart d’heure pour finir d’assommer les poulains de
Pelligrini. Un spectaculaire kung-fu-goal a donc permis au portugais de
rejoindre Messi en tête des buteurs de la Liga.
Le clan lusophone dans ses oeuvres |
Le
match est largement plié. En deuxième mi-temps, les madrilènes veulent nous
faire croire – peut-être aussi à leur entraîneur – qu’ils sont toujours aussi
concentrés sur leur sujet. Malaga commence son bonhomme de match avec 1 heure
de retard. Jolis enchaînements tout en vitesse, débordements de Cazorla,
Joaquin qui trouve la barre transversale sur coup franc, Seba qui voit son tir
s’écraser sur le poteau droit de Casillas… Mourinho est fou de rage. Il sait
toutefois que si ses joueurs n’avait pas tué le match, le scénario de Levante aurait été largement
envisageable.
La
soirée tourne à la perfection quand, deux heures plus tard, Messi rate
(oui !) un pénalty à la 94ème minute face à un Varas héroïque.
Séville avait cumulé jusque là une série noire au Camp Nou, mais le bunker mis
en place par Marcelino s’est avéré infranchissable malgré les 77% (ordinaires)
de possession chez les catalans. Madrid est devant. Avec 18 points sur 24
possibles, on se permet de juger « poussifs » les débuts des culés. En
pôle position, ni l’un ni l’autre, c’est plutôt Levante qui a pris d’assaut un
Madrigal qui ne reconnaît plus son sous-marin. Mais ça, c’est une autre
histoire…
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