Précision importante : Je
suis madridista. J’aime la Selecção depuis l’épopée de l’Euro
2000. J’aime beaucoup Ronaldo. Je n’aime pas du tout Messi, encore moins le
Barça. Dans ce qui suit, je n’ai donc aucunement la prétention d’être objectif.
Bien que, bien que…
Le Ballon d'Or sera retiré dans les jours qui viennent, le laid costume de Messi étant un vice de forme outrancier |
Ce mois de décembre a été
affreux. Il va battre le record de Müller.
Non pas encore. Il s’est blessé ? Non,
pas assez. « J’ai cru pendant un instant ne pas revenir sur le terrain
pour longtemps ». Le monde du football retient son souffle ! La
petite puce se relève, plante ses buts. Messi devient le meilleur buteur sur
une année civile. Depuis, la planète n’a d’yeux que pour lui. Reportages,
compilations, documentaires… etc. Le tapage médiatique assourdissant a eu comme
apogée l’octroi du Ballon d’Or au génie de son temps, sous les yeux
bienveillants de Gérard Depardieu. Merci.
Qu’est ce qu’on n’aurait pas
dit si c’était Ronaldo qui avait battu le record du Der Bomber ? Et le record de buts sur une année d’Hégire,
il est à qui ? Et sur une demi-saison ? Et sur un hiver, un automne ?
En effet, l’unité temporelle du football est la saison. Le football - jeu
collectif s’il fallait le rappeler – récompense les meilleurs équipes sur une
saison débutant un août-septembre et s’achevant vers la fin mai de l’année qui
suit. Episodiquement, les saisons des clubs se voient ponctuées par des
compétitions internationales ou continentales. Fin du rappel.
Messi est-il aussi unique pour
que de telles règles changent ? Il est le meilleur joueur dans son
registre, soit. Technique, vélocité, sens du placement, buts à la pelle… soit.
Ceci dit, dans quelles mesures la pulga
a aidé son club à glaner des titres ? N’est-ce pas là l’essence même de la
récompense dans le cadre d’un jeu collectif ? N’a-t-on pas mis à l’écart
ce même Ronaldo en 2011 pour cette même raison, lui qui avait pulvérisé tous
les records des pichichis ? Il
est bien gentil Messi, mais une Copa del Rey ne pèse pas assez dans la balance.
En 1962, l’obscur
tchécoslovaque Josef Masopust est sacré ballon d’or face à Eusébio. En 1967, l’hongrois
Florian Albert de Ferencváros déclasse Sir Bobby Charlton. Le Ballon d’Or a presque
toujours sacré l’individu dans le collectif. Plus récemment, le Ballon d’Or
2003 est attribué à Nedved tandis que la FIFA choisit Zidane comme joueur de l’année.
La différence est édifiante.
Le groupe Amaury (propriétaire
de France Football, entre autres) a choisi de louer son trophée au diable en
2010. En plus des journalistes, le jury comportera désormais les sélectionneurs
et les capitaines des sélections affiliées à la FIFA. Petite question :
Ces derniers sont-ils les mieux placés pour juger des performances de Messi,
Ronaldo, Iniesta, Sneijder, Forlan ou encore Suarez ? Sans doute pas. Les
capitaines jouent au football. Et quand ils ne jouent pas, ils ne regardent pas
de matchs. Les sélectionneurs suivent au mieux les performances des joueurs
sélectionnables et regardent Messi et Ronaldo par intermittence comme n’importe
quel autre footix de la planète. Le trophée a perdu sur ce point une grande
partie de sa splendeur.
Ce sont les journalistes
sportifs qui sont à l’origine de ce prix. A l’origine également de toutes les
grandes compétitions internationales dont nous nous gavons au fil des années.
Ils assistent, suivent, regardent, se rappellent, écrivent, commentent,
mémorisent tous les faits et gestes du football depuis sa création. En 2010,
les journalistes avaient mis Sneijder en tête avec 7,7% des votes. Iniesta,
buteur de la finale de la coupe du monde, avait récolté 7,53%. Messi n’arrivait
que quatrième avec 4,38% des voix des journalistes. Pourtant, après
comptabilisation finale, Messi est premier et rafle le Ballon d’Or au champion
d’Europe et aux champions du Monde.
Sur la saison 2011-2012,
Ronaldo a mené le Real vers le titre de champion d’Espagne. Record de points
sur une saison (100). Record de buts sur une saison (121 dont il a marqué 46).
Record de matchs gagnés en une saison. Record de matchs gagnés à l’extérieur
(dont ceux au Camp Nou, à Mestalla, au Vicente Calderon, à Pampelune… où ils
marquent les buts victorieux). Au cours de la même année, Ronaldo mène sa
sélection en demi-finale de l’Euro, perdant aux tirs-au-but face à l’Espagne. Ronaldo
mène le Real à gagner (contre Barcelone) la Supercoupe d’Espagne, en marquant
des buts en phases aller et retour. Ces buts, ces titres et ces records pèsent à
priori dans la balance, vu les conséquences collectives qui ont suivi. Mais
bon, aux yeux du monde, de Blatter, de Depardieu, de Platini, de Christian Jean-Pierre,
de Christophe Josse et de Youssef Seïf, rien ne vaut les 91 buts de Messi, dans
une année civile s’il vous plaît. Amen. Bonne année (civile) à tous !
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