30.8.12

Le clasico qui en valait cent!


Fierté. Maître-mot de la soirée du côté de Bernabeù. Le frissonnant spectacle des 80 000 drapeaux blancs agités fiévreusement à quelques secondes du match est très évocateur. Le madridisme avait besoin, au-delà de la victoire, d’une démonstration d’abnégation de la part de joueurs paraissant lamentablement suffisants en ce début de saison. Et Dieu, on a été servi !

La folle entame !

La couleur est annoncée dès le début. Comme il y a un an en aller de la Supercoupe, les merengues sont chauffés à blanc. Di Maria, Özil et Higuain y vont de leur pressing fou. Sauf que cette fois, les catalans tardent à calmer les ardeurs adverses. Dès qu’ils franchissent le premier rideau madrilène, Busquets et consort se heurtent à la paire Alonso-Khedira, placée anormalement aux abords du dernier quart du terrain barcelonais. Les récupérations se multiplient, Higuain reçoit le gonfle dans la surface, enchaîne et lâche une frappe bien molle dans les mains de Valdès. Quelques minutes plus tard, alors que les blaugranas commençaient à grignoter quelques mètres, l’inéluctable se produit. Long ballon en cloche vers Higuain délaissé par Mascherano, Pipita ne tremble heureusement pas en la mettant au fond. Poussés par la fougue d’un stade déchaîné, continuent leurs enchaînements. Marcelo et Di Maria se régalent sur leurs lignes de touche, tout en récupérant la possession aussitôt qu’ils la perdent. Mais c’est par un autre long ballon que Madrid creusera son petit trou. Messi se troue sur un de ces premiers ballons. Khedira récupère et balance devant. A la chute du ballon, deux hommes, Ronaldo et Piqué. D’un imprévisible lob du talon, CR7 lâche son éternel vis-à-vis. Blocage hasardeux par la suite, mais c’était écrit. Ronaldo doit inscrire ce 5ème but consécutif en autant de clasicos. Le pauvre Valdès dévie, mais dans ses filets.

Ah… ce rouge.

Que faire ? Temporiser ou enfoncer ? Croire en ce fou espoir d’une manita de revanche ou appréhender un retournement de situation des catalans ? Les joueurs de Madrid ne semblent pas se poser les mêmes questions que ces névrosés de supporters, ils sont sur un nuage. Mascherano prend un jaune après un écran sur Di Maria et dans la foulée, Ronaldo échappe à Adriano et n’entrevoit que le pauvre Valdès. Le latéral brésilien choisit en un brin de seconde de ceinturer le portugais. Vaut mieux prendre un rouge qu’un 3-0 à la demi-heure de jeu, a-t’il probablement jugé.
Et vint alors ce rouge… Ce petit détail qui oblige une équipe victorieuse à changer quelque chose alors qu’elle veut juste que rien ne change là-haut dans son petit nuage. Vilanova sort dans la foulée Alexis pour rétablir sa ligne défensive avec le jeune Montoya. L’espace de quelques minutes, on aurait pu croire qu’El Heredero puisse renouer avec la folle défense à 3 de son mentor.
Ce fait de jeu refroidit paradoxalement les ardeurs qui planaient jusque là sur le Bernabeù. Madrid baisse d’un cran et Busquets tisse sa toile. Messi touche quelques ballons avant de décrocher son petit sésame. Un coup franc placé au centre, à 25 mètres. Casillas place un frileux mur que la Pulga perce d’une magistrale frappe enroulée. Depuis 2005 et Ronaldinho, le Barça n’avait plus marqué sur coup de pied arrêté dans les face-à-face avec le Real. Le match est relancé alors que M. Lahoz indique le chemin des vestiaires au beau monde sur le terrain.

Western spaghetti

Elle fût longue cette mi-temps. Quand on imagine déjà Barcelone recoller au score, plantant des madrilènes cramés avant de marquer un troisième but sur contre à la dernière minute. Dur d’imaginer ces moqueries qui ne tarderont à fuser, ces louanges envers un Barça remontant 2 buts avec infériorité numérique. Et puis surtout, un Barça célébrant la coupe dans un triste Cha Martin.
Les doutes ne se dissiperont pas aussitôt. Ils ne se dissiperont qu’au sifflet final. Mais entre temps, les joueurs de Mourinho ont marqué plein de pauvres existences par leur heureuse empreinte. Fougue, maîtrise, tacles enragés et délicieuses phases offensives que le damné d’Higuain a préféré de ne pas concrétiser. La seconde période ressemblait à ces duels mexicains des westerns spaghettis. Chacun pointait son pistolet sur le front de l’autre. L’odeur de la mort fuse et submerge le stade à chaque attaque, d’un côté puis de l’autre. Song fait son baptême, suivi de Modric. Le petit lutin croate aide ces coéquipiers à gagner de précieuses secondes en ces moments où les secondes semblent comme par magie durer de longues heures. A 30 secondes du sifflet, les aficionados veulent y croire, ils brandissent leurs drapeaux et se lèvent de leurs sièges douillets. Non, vamos a ganar cette fois, c’est la nôtre. Ce fût effectivement la nôtre. Mourinho a reproduit son Inter-Barça d’antan et continue son chef-d’œuvre avec la troisième coupe sur trois décernés sur le sol espagnol. Le regard est désormais tourné à l’autre, la salope aux grandes oreilles. 

23.8.12

[Foot-Fiction] La Liga comme vous ne la verrez - malheureusement - jamais! (Partie 1)


La Liga a commencé le weekend dernier. Peu importe, ça ne compte pas. Tout le monde le sait en Espagne et ailleurs, la saison commence avec la Supercoupe. N’en déplaise à la LFP et la Fédération espagnole.

Samedi, 19h40 heure espagnole. Valence égalise par le biais d’un coup-franc de Tino Costa. Pour cause, une sortie hasardeuse de Casillas qui de surcroît fracasse le crâne du brave et valeureux Pepe. Quelques minutes après, à la rentrée des vestiaires, un médecin du staff madrilène veut s’assurer du bandage du portugais quand ce dernier l’interpelle : Qui ? Moi je m’appelle Pablo. Qu’est ce que je fous ici ? D’urgence, le pauvre défenseur est embarqué à l’hôpital. Première conséquence, le roc laissera un trou lors du classico de jeudi.

4 jours plus tard, Mourinho fait rentrer le balbutiant Albiol à côté de Ramos au centre de la défense. Les blaugranas, sur la lignée de leur match contre Sociedad (5-1), enchaînent de la plus impitoyable des manières. Arbeloa, Ramos et surtout le pauvre Albiol souffrent le martyr face à ceux qu’ils côtoyaient il y a quelques semaines au moment de gagner l’Euro à Kiev. Seul Coentrão surnage, mais Cristiano ne lui fait presque aucun appel de balle. Déjà face à Valence, il a peiné à finir le match. A la 83ème minute, Song, déjà qualifié, effectue son baptême de feu. Frappe molle mais déviée par le damné d’Albiol. Tito gratte un peu son œil en regardant du côté de Mourinho. Score final : 4-0.


Appelez le Pablo!

Le lendemain, Florentino passe ses coups de fil outre-manche et fait savoir qu’il ne négocie plus pour Modric. Ce sera 40 sonnants et trébuchants millions d’euros pour que le Mozart croate prenne le premier avion destination Barajas. Samedi, le petit Luca n’est pas le seul à rejoindre les entraînements du Mou. Un défenseur discret fait son apparition à Valdebebas. Il est sonné et répond au doux nom de Pablo. Il s’agit de l’ultime coup de génie du Presidente : en rendant visite à l’hôpital au défenseur portugais qu’il avait acheté à 30 millions, Florentino voit son colosse insister sur le fait qu’il s’appelait Pablo, depuis tout le temps. Au lieu d’annoncer la nouvelle de l’amnésie de Pepe à la presse, en faire une effigie et préparer le jubilé, le magnat de l’immobilier pense avoir une meilleure idée. « Pepe a changé, il est devenu plus calme après son choc. Il est conscient qu’il revient de loin. C’est une deuxième vie qu’il entame. Il a préféré de se rebaptiser Pablo pour cette nouvelle étape de sa vie. Notre joueur s’abstient de donner toute déclaration. Prière de respecter la vie privée de notre défenseur Pablo ». La déroute du jeudi est oubliée, l’opération de com’ est réussie, reste celle du fric. L’ordre est donné à l’équipementier d’imprimer le nom de Pablo sur 2 millions de tenues. La livraison est écoulée avant même le match retour de la Supercoupe.

Mercredi. Le Bernabeù est parcouru d’un mélange de peur et d’intrigue. Premiers assauts catalans. Messi ne passe pas, voilà deux fois qu’il se fait subtiliser le ballon proprement par le ressuscité Pablo. Ce dernier dribble le lutin argentin et relance proprement Xabi dans la foulée. Stupeur au Cha Martin. Les barcelonais n’en reviennent plus et pressent encore plus haut que d’habitude. Xabi, réconforté à l’idée de ne plus voir Khedira à ses côtés, délivre une passe à Modric. Le croate passe comme un fil dans l’aiguille entre Busquets et Xavi et lance un Cristiano affranchi. La scène se répète deux, puis trois fois et Guardiola n’a toujours pas répondu aux SMS que Tito lui a envoyés à la mi-temps. Heureusement pour lui, l’arbitre siffle la fin sur une transversale de Higuain alors que le panneau d’affichage arborait le score de 3-0. Les catalans, abasourdis, oublient même de chercher la coupe. La saison est enfin lancée…