20.1.13

Un point c'est bien, bande d'amnésiques!

Il y a des choses comme ça, qui ne sont possibles qu'en terre d'Afrique, et tant mieux. Un an après la CAN 2012, revoilà une CAN 2013! L'équipe du Maroc a eu donc un délai d'une année pour faire oublier la pâle copie du Gabon. 

Afrique du Sud, Johannesburg. Ce même Soccer City Stadium qui a vu Iniesta entrer dans le Hall of fame du football mondial il y a plus de deux ans. Difficile de trouver un cadre plus attrayant pour se réconcilier avec un continent qu'on ne cesse de snober, le prenant tellement de haut. 

Une des relances-balances de Benitto
Le Maroc joue l'Angola que tous résument à un nom: Manucho ; alias double-buteur face au Real. Taoussi aligne l'équipe qu'il avait en tête il y a déjà 20 jours. Un 4-2-3-1 des plus classiques où seul Barrada était imprévu. L'entame du match est en faveur du Mountakhab: Saïdi déborde comme un lapin de chez Duracell, Hamdaoui tente sa chance de loin, Ahmadi la joue propre et Barrada saute assez fluidement les lignes angolaises. La liste des bons élèves s'arrête là. La plus grande déception est sur le côté droit où Amrabat a été transparent. Alors qu'il s'est toujours distingué par son incisivité, le sociétaire de Galatasaray ne semblait pas en totale possession de ses moyens, commettant du coup un nombre inhabituel de fautes. Sur le côtés, l'assistance est hors-ligne. Chakir et Kaoutari ne dépassent pas la ligne médiane. Les relances approximatives de Benatia n'ont pas aidé non plus à construire un semblant de jeu, et "relance", c'est trop gentil de le dire. Et puis il y a Hermach. Comme Khedira du Real, il porte le numéro 6. Comme Khedira, il n'est pas adroit balle au pied. Comme Khedira, il n'apparaît pas trop sur l'écran. Sauf que le bon Adil est transparent aussi pour ceux qui sont sur le terrain. A la peine physiquement, on aurait dit qu'il joue en Angleterre et qu'il était titulaire pendant le boxing day et les fêtes de fin d'année. 

Pendant la deuxième mi-temps, les bons élèves ont rejoint le fond de le classe. Saïdi n'a pas 90 minutes dans les jambes. Hamdaoui est seul dans son petit coin. Barrada multiplie les passes ratées. Le doute s'installe au fur et à mesure que les Angolais grappillent les mètres. Lamyaghri y va de sa bourde, inconséquente heureusement. Taoussi ne gesticule plus près de la ligne de touche. Il prend sa place sur le banc, comme face au Togo au stade d'Honneur il y a quelques semaines. Oser chambouler le système et risquer une défaite au premier match? Non merci. Il fait des changements poste par poste, voyant ses joueurs au bord de la rupture. Entre temps, les Palancas negras sont devenues plus entreprenantes, et Manucho a confirmé son statut. A deux minutes du sifflet, il était seul à la réception d'un centre venu de la droite. Gêné par un coéquipier, il dévisse heureusement sa reprise de la tête.

Après le premier cap, le Cap-Vert...

Mine de rien, un point fait largement l'affaire des Marocains. Nous sommes un brin amnésiques; nous sommes une toute petite sélection du chapeau 3. Un débordement sympa de Saïdi ou un tir de Hamdaoui ne doivent pas faire oublier ce que vaut cette équipe de l'Angola.   

Pour une fois, le deuxième match ne sera pas le match de la vie ou de la mort. Le Cap-Vert n'en reste pas moins un adversaire coriace. Joueuse, bonne sur le plan de la construction, la sélection capverdienne offrira une opposition différente aux onze marocains. D'ici là, il reste à espérer que ces derniers puissent monter en régime comme le prévoit le staff de Taoussi.

8.1.13

Bonne année (civile) à tous!



Précision importante : Je suis madridista. J’aime la Selecção depuis l’épopée de l’Euro 2000. J’aime beaucoup Ronaldo. Je n’aime pas du tout Messi, encore moins le Barça. Dans ce qui suit, je n’ai donc aucunement la prétention d’être objectif. Bien que, bien que…

Le Ballon d'Or sera retiré dans les jours qui viennent, le laid costume de Messi étant un vice de forme outrancier

Ce mois de décembre a été affreux. Il va battre le record de Müller. Non pas encore. Il s’est blessé ? Non, pas assez. « J’ai cru pendant un instant ne pas revenir sur le terrain pour longtemps ». Le monde du football retient son souffle ! La petite puce se relève, plante ses buts. Messi devient le meilleur buteur sur une année civile. Depuis, la planète n’a d’yeux que pour lui. Reportages, compilations, documentaires… etc. Le tapage médiatique assourdissant a eu comme apogée l’octroi du Ballon d’Or au génie de son temps, sous les yeux bienveillants de Gérard Depardieu. Merci.

Qu’est ce qu’on n’aurait pas dit si c’était Ronaldo qui avait battu le record du Der Bomber ? Et le record de buts sur une année d’Hégire, il est à qui ? Et sur une demi-saison ? Et sur un hiver, un automne ? En effet, l’unité temporelle du football est la saison. Le football - jeu collectif s’il fallait le rappeler – récompense les meilleurs équipes sur une saison débutant un août-septembre et s’achevant vers la fin mai de l’année qui suit. Episodiquement, les saisons des clubs se voient ponctuées par des compétitions internationales ou continentales. Fin du rappel.

Messi est-il aussi unique pour que de telles règles changent ? Il est le meilleur joueur dans son registre, soit. Technique, vélocité, sens du placement, buts à la pelle… soit. Ceci dit, dans quelles mesures la pulga a aidé son club à glaner des titres ? N’est-ce pas là l’essence même de la récompense dans le cadre d’un jeu collectif ? N’a-t-on pas mis à l’écart ce même Ronaldo en 2011 pour cette même raison, lui qui avait pulvérisé tous les records des pichichis ? Il est bien gentil Messi, mais une Copa del Rey ne pèse pas assez dans la balance. 

En 1962, l’obscur tchécoslovaque Josef Masopust est sacré ballon d’or face à Eusébio. En 1967, l’hongrois Florian Albert de Ferencváros déclasse Sir Bobby Charlton. Le Ballon d’Or a presque toujours sacré l’individu dans le collectif. Plus récemment, le Ballon d’Or 2003 est attribué à Nedved tandis que la FIFA choisit Zidane comme joueur de l’année. La différence est édifiante.

Le groupe Amaury (propriétaire de France Football, entre autres) a choisi de louer son trophée au diable en 2010. En plus des journalistes, le jury comportera désormais les sélectionneurs et les capitaines des sélections affiliées à la FIFA. Petite question : Ces derniers sont-ils les mieux placés pour juger des performances de Messi, Ronaldo, Iniesta, Sneijder, Forlan ou encore Suarez ? Sans doute pas. Les capitaines jouent au football. Et quand ils ne jouent pas, ils ne regardent pas de matchs. Les sélectionneurs suivent au mieux les performances des joueurs sélectionnables et regardent Messi et Ronaldo par intermittence comme n’importe quel autre footix de la planète. Le trophée a perdu sur ce point une grande partie de sa splendeur.

Ce sont les journalistes sportifs qui sont à l’origine de ce prix. A l’origine également de toutes les grandes compétitions internationales dont nous nous gavons au fil des années. Ils assistent, suivent, regardent, se rappellent, écrivent, commentent, mémorisent tous les faits et gestes du football depuis sa création. En 2010, les journalistes avaient mis Sneijder en tête avec 7,7% des votes. Iniesta, buteur de la finale de la coupe du monde, avait récolté 7,53%. Messi n’arrivait que quatrième avec 4,38% des voix des journalistes. Pourtant, après comptabilisation finale, Messi est premier et rafle le Ballon d’Or au champion d’Europe et aux champions du Monde.

Sur la saison 2011-2012, Ronaldo a mené le Real vers le titre de champion d’Espagne. Record de points sur une saison (100). Record de buts sur une saison (121 dont il a marqué 46). Record de matchs gagnés en une saison. Record de matchs gagnés à l’extérieur (dont ceux au Camp Nou, à Mestalla, au Vicente Calderon, à Pampelune… où ils marquent les buts victorieux). Au cours de la même année, Ronaldo mène sa sélection en demi-finale de l’Euro, perdant aux tirs-au-but face à l’Espagne. Ronaldo mène le Real à gagner (contre Barcelone) la Supercoupe d’Espagne, en marquant des buts en phases aller et retour. Ces buts, ces titres et ces records pèsent à priori dans la balance, vu les conséquences collectives qui ont suivi. Mais bon, aux yeux du monde, de Blatter, de Depardieu, de Platini, de Christian Jean-Pierre, de Christophe Josse et de Youssef Seïf, rien ne vaut les 91 buts de Messi, dans une année civile s’il vous plaît. Amen. Bonne année (civile) à tous !

19.10.12

Casa-Marrakech A/R


Jour du match à la gare de Casa Voyageurs. Quelques drapeaux, du rouge par ci, du vert par là. Enorme file derrière les guichets et partout ailleurs, les adeptes du gratos discutent des stratagèmes pour faire sauter le verrou des contrôleurs. Dans la file, il y a ceux qui ont choisi de minimiser le risque. Ils prennent un billet de train pour Bouskoura et signent un pacte de paix temporaire avec les autorités. C’est vrai que ça risque de chauffer entre Bouskoura et Marrakech, mais si ça passe, ça reste toujours 70 balles de moins.

Le climat est un peu tendu et les agents de sécurité ne présagent rien de bon. Le train de 12h50 fait le départ cinq minutes avant l’heure et provoque une première émeute. Reste alors celui de 14h50, le dernier à prendre pour ceux qui voudront rattraper le match au stade.

Avant- match sur les chemins de fer

Comme prévu, le train fait le sur-plein. Une affluence digne d’un avant-aïd ou d’un weekend de vacances scolaires. Nos amis du gratos répondent présent, sans grande surprise. Ils rejoignent leurs confrères de Fès, Meknès, Kénitra, Salé et Rabat. Les autres voyageurs jugent bon de ranger tout objet d’une quelconque valeur, sauf le type à côté qui tient à finir son petit film sur Ipad. Nos amis passent en file indienne et scrutent d’un regard pas très amical tous ceux qui sont assis, surtout celles qui sont assises. L’Ipad a fini par attirer une bonne foule aussi. Les mains tremblantes du type qui pourtant voulait faire semblant d’être indifférent donnent un spectacle affligeant. Heureusement pour lui, la file indienne était longue derrière et sommait nos amis d’avancer. L’Ipad finit par être rangé, les écouteurs aussi.

L’ONCF a semble-t-il fini par s’habituer. Il a lui aussi sa propre milice. Oui, oui, une vraie milice. De braves et grands gaillards, munis de battes couvertes de scotch blanc. La lutte a été âpre pendant quelques minutes mais la file indienne a été finalement neutralisée. Les plus bruyants sont emmenés aux toilettes improvisées en poste de police. Pleurs et supplications fusaient, suscitant approbation et soulagement chez les nerveux passagers.

Complots, Zaki, Tunisie et coups de matraque sur la route au stade

3 heures et demi plus tard. Gare de Marrakech. La jolie gare de la jolie Marrakech. Les dégâts ne tardent pas à se faire constater. Nos amis ne se sont pas tous faits choper, ils sont forts. A l’arrivée, manifestation improvisée : « Biilkiii, Faboooooor » (Gratos les amis, prenez ça les flics), le tout en arrachant les plantes qu’ils trouvent à portée de main.

18h30. On apprend que les taxis ne peuvent pas aller jusqu’au stade. C’est la course aux places dans les Honda et tri-porteurs qui s’attroupent autour de la gare. Les enchères commencent à 80dh la place. Au final, nous serons six à payer 15dh pour un aller simple. Le chauffeur dribble tout ce qui lui passe devant. En même temps, un fhamator attitré prend la parole. ‘Puisse Dieu nous aider à pousser à quitter ce pays de merde, mais bon, Vive le Roi quand même’. ‘J’ai juré de ne jamais regarder un match de ces petites pouffiasses, mais bon Dieu me pardonne, c’est l’amour du pays’. Autour, trois mecs parlaient des déclarations de Taoussi. Pour le fhamator, il est toujours le bon moment de parler de Zaki. Le chauffeur, qui a apparemment gardé un mauvais souvenir du passage de l’ex-sélectionneur au KACM, essaie de tempérer un peu l’enthousiasme autour de Zaki. Un type rappelle aussi qu’en 2005, tout le monde voulait qu’il dégage après l’élimination contre la Tunisie. Fhamator a réponse à tout. ‘En 2005, on leur a vendu le match pour qu’ils nous laissent organiser la coupe du monde. C’est ce pays de merde, ils jouent de nos sentiments. Zaki le pauvre pleurait, il ne voulait pas leur vendre le match. D’ailleurs cette petite pute de Naybet a participé aux négociations, c’est pour ça qu’il est à la Fédé là’. Bon notre ami ne sait pas que la coupe du monde a été attribuée en mai 2004, mais bon, peu importe.

19h30. Les forces auxiliaires autour du stade sont débordées par la marrée humaine. Dernier recours, la matraque pour tous. Les trois types de la Honda arborent une carte bleue en criant ‘Marine royale, marine royale’. Les barrières s’écartent et on passe derrière. Le stade est vraiment beau. Dernier barrage, le plus sophistiqué aussi. Un dispositif en infrarouge ou un truc de la sorte pour valider le ticket et débloquer la porte. Mais bon, on a importé le dispositif, mais pas les usagers avec. Les passe-droits ne s’arrêtent devant aucune technologie, aussi pointue soit-elle. Un moustachu en costard donne des ordres en insultant le pauvre stadier, et hop ça s’ouvre. Prends ça l’infrarouge.

Le Mozambique, c’est finalement comme l’Algérie

Quelques escaliers plus tard, le paysage se dégage. Le stade est vraiment beau. C’est quand même différent les tribunes à deux étages. Le virage sud est plein et puis les places ne sont pas numérotées. Bon apparemment c’est trop demander. Les flics te demandent de prendre place mais t’empêchent d’en chercher une. Une équation compliquée mais bon résolue à quelques minutes du début. La dizaine de mozambicains qui arrivent reçoivent leur grosse huée, et derrière leur hymne aussi. Au retentissement du notre, le patriotisme occasionnel enregistre un pic et mon voisin verse même quelques larmes. Pas sûr que ça l’empêchera de maudire le pays et le ciel qui est dessus après le match, mais bon on est au Maroc.

La première mi-temps est morne. On est derrière le but mozambicain. El Arabi rate la première occasion et envoie le ballon aux tribunes. Mais bon pas assez haut pour que l’on puisse récupérer la balle au deuxième étage. Taoussi offre un spectacle tout seul. L’avantage au stade c’est qu’on ne rate pas une miette de ces réactions, même à une passe ratée. C’est pour ça aussi que tout le monde savait en première mi-temps que Belhanda ne tardera pas à sortir. Entre temps il y a eu le but de la tête de Barrada qu’une moitié de la tribune a raté. Les flics s’étaient attroupés pour… empêcher un mec de prendre une photo. Il faut croire qu’il y a une question de droit télévisés derrière ou quelque chose de la sorte.

1-0 à la mi-temps. C’est bien mais personne n’est rassuré. Les organisateurs juge bon de mettre à fond la chansonnette de la Massira. Etmine de rien ça a marché. Ca dansait un peu de toutes les manières et les « Allahou akbar » à répétition galvanisaient tout ce beau monde. Assaidi fait son entrée à la place d’un Aqqal pas très convaincant, sauf peut être pour les quelques khouribguis qui doivent en être fiers. On n’a plus le but du Mozambique devant nous et là il n’y a que Nadir qui nous tourne le dos. Dans l’autre extrémité, on arrivait à distinguer Assaidi faire des misères aux gens de Maputo, mais il n’y a personne à la conclusion. El Arabi rate et rate encore et le public n’en peut plus. Les Rajaouis jurent qu’avec Yajour, ça aurait été minimum 4-0. Belhanda essaie de bloquer le ballon du front, et comme prévu ça ne lui réussit pas. Les Rajaouis autour scandent « Bombonera, bombonera, Metouali Maradona ». On a envie de les croire mais personne n’a la force pour ça.  Quand Barrada tombe dans la surface, le stade gronde et l’arbitre siffle car dans tous les cas il n’a pas le choix. Pénalty et carton rouge en supplément. Nadir ne nous tourne plus le dos et préfère voir le reflet du péno dans nos yeux écarquillés. Kharja, comme un grand, ne tremble pas.

2-0. Et bizarrement, ce ne fût pas une délivrance. Il restait 25 minutes et on était en supériorité numérique. Le stress est étouffant et le vent souffle fort sur la rase périphérie de Marrakech. On tremblait et on ne savait pas si c’est le stress ou bien le froid. Longues mais rapides minutes. Assaidi martyrise ses vis-à-vis et libère son acolyte Bergdich. Ce dernier enroule bien sa banane vers la tête d’El Arabi. Bon il aurait été un homme mort s’il avait raté celle là aussi. Mais d’une tête croisée, il envoie balader tous les démons, les siens et ceux des autres. On y est putain, on n’a plus le droit de se planter. Le monde est euphorique autour et le policier est débordé à empêcher les gens de prendre des photos avec le drapeau. En bas de la tribune, les mozambicains n’ont plus rien à perdre là qu’il ne peut plus y avoir des pénaltys. Belkhder est littéralement cramé et marque de très loin son vis-à-vis. Ah cet instant avant que le joueur décoche son centre, c’est vraiment décuplé par rapport à la pression qu’on sent derrière son poste de télé. Heureusement, BenittoBenatia est là et dégage de la tête in-extremis. Assaidi amorce le contre, ils sont 4 contre 3. Il décale Amrabat qui est seul à droite. Depuis la tribune sud on ne sait pas à jusqu’à quel point il s’approche du gardien mais on lui demande de tirer quand même. Il écrase son tir. Le ballon trotte jusqu’au petit filet droit du pauvre gardien du Mozambique. Mon voisin pleure mais vraiment fort. Même le flic jette un coup d’œil sur le terrain. J’en ai l’intime conviction maintenant. Le stadier, tournant son dos à l’arène et n’ayant comme spectacle que les émotions des autres,  a un des pires métiers au monde.

L’After…

A la sortie, quatre bus attendent. Quatre seulement. Ca doit être le fruit d’une longue réflexion des autorités. Nos amis courent pour y prendre place et pas de la plus paisible des manières. D’autres négocient avec les tri-porteurs. Nous autres rentreront à pied. C’est loin mais c’est plus facile après une victoire. Sur le chemin, des familles entières et beaucoup de bonnes femmes s’amassaient pour saluer les revenants. A pied on a l’impression d’être nous-mêmes les joueurs avec le regard admiratif que ces dames nous lançaient. Les quatre bus finissent par passer. Sans vitres, sans portes et avec des passagers en haut du véhicule. La matraque est ressortie et nos amis sautaient des fenêtres des bus, les uns sur les autres. Quelques policiers prennent des coups de massue sur la tête. Tout ça avec comme fond sonore youyous et klaxons. 2 heures et demi plus tard, retour à la case départ. Devant la gare, nos amis attendront bruyamment le premier train du matin…       


30.9.12

Menu royal du samedi: 12h45-23h foot non-stop

La pluie n’était pas la seule raison pour ne pas sortir de chez soi ce samedi. Sur Canal+, ils en ont fait un grand relais. Il faut dire qu’entre un match et le suivant, il y avait juste le temps de passer le témoin.

Derby de Londres (12h45) : Coup d’arrêt pour Arsenal

Les Gunners étaient jusque là habitués à faire des débuts de championnat bien plus foireux. Après une entame solide et sympathique, c’était l’heure de se frotter aux voisins de Chelsea. Dans un Emirates ensoleillé, Di Matteo a choisi d’aligner (presque) tous ses lutins. Mata, Hazard et Oscar s’accaparent le ballon. Dans ce débat d’entrejeu, Wenger perd vite Abou Diaby sur blessure. Quelques minutes plus tard, Torres glisse le pied devant Koscielny et conclut le service de Mata sur coup franc. Gervinho parvient à recoller les siens à la marque avant la pause, mais c’est décidément un jour sans pour Arsenal. Mis en difficulté par des blues solides mais très attentistes, ils encaissent le coup de grâce sur un coup franc de Mata dévié par Koscielny. Le défenseur français pourrait incarner à lui seule la déroute d’une équipe qui donnait l’impression d’être beaucoup plus solide.




Norwich-Liverpool (14h00): The beginning of the walk

Les Reds commencent la rencontre avec une malheureuse 17ème place. Brendan Rodgers ne lâche rien de sa philosophie mais change quelques pièces. Si Sahin a naturellement pris la place de Shelvey (suspendu), l’italien Borini a été sacrifié au profit du jeune Suso. Devant, l’inusable Suarez fraye le chemin au sien dès la 2ème minute en ouvrant le score. Derrière, ça déroule. Il faut dire qu’en Angleterre, peu d’équipes peuvent se targuer d’avoir un milieu tel que Gerrard-Sahin-Allen. Ce dernier a été monumental, jouant impérieusement devant sa défense et relançant le plus proprement possible. Capitain Stevie, libéré des tâches défensives, a pu apporter sa sainte touche à l’avant-garde. Et que dire de Suarez ? Certainement un des 5 meilleurs avant-centres au monde ces dernières années. Son deuxième but le confirme : interception, petit pont, frappe brossée de l’extérieur qui meurt dans le petit filet gauche du pauvre Ruddy. Il offre le troisième but à Sahin puis se charge de valider aussitôt son hat-trick d’un amour de frappe enroulée (voir vidéo). Les Canaris, encore plus loosers que leurs adversaires du jour, parviennent à marquer deux petits buts. De tièdes ardeurs que Gerrard calmera très vite d’un tir dévié après une jolie course de Raheem Sterling. Score final 2 à 5. La hantise de la première victoire dépassée, Rodgers peut enfin travailler en sérénité.  


Manchester United-Tottenham (17h30) : Premier fait d’armes d’Andre Villas-Boas

Entraîneur malheureux depuis qu’il a traversé la manche, AVB avait l’occasion de faire son entrée dans l’histoire des Spurs. Depuis 23 ans, Tottenham n’a jamais gagné à Old Trafford. Sacré challenge qu’est celui de succéder au vénérable Terry Venables. Pour s’atteler à la tâche, le « Special two » aligne Dembélé et Dempsey, le duo de charme qu’il a subtilisé à Fulham. Mais c’est Vertonghen, transfuge de l’Ajax, qui fait taire Old Trafford après deux petites minutes. Longue course un peu maladroite, mais une défense mancunienne trop laxiste qui ne peut que dévier le tir au fond des filets. A l’image de leur première période à Anfield, les ouailles de Sir Alex sont léthargiques. Batman Bale ne demandait pas plus que ça. Lancé par Dembélé, il déclenche une course sur le bon vieux Ferdinand et croise à la perfection son tir. Lindegaard ne peut qu'apprécier la trajectoire. 0-2.

A la reprise, Rooney rejoint Van Persie aux avant-postes. Wazza est la clé. Ses décrochages avait manqué à ses coéquipiers, surtout à Scholes avec qui la connexion ne tarde pas à se rétablir. A la 51ème, il est sur l’aile droite au moment d’adresser son caviar à Nani. Friedel est battu, mais ce n’est que le début des 2’20’’ les plus folles de la saison. A la fin du ralenti du but de Nani, Defoe se démène seul comme un diable et lance Bale qui tire à bout portant. Lindegaard lâche dans les pieds de Dempsey qui pousse au fond. 1-3. Une douche froide s’abat sur the theater of dreams. Sur la remise en jeu, les Red Devils ne se posent pas de question. Le ballon est vite expédié vers Van Persie qui trouve Kagawa dans la surface. A en couper le souffle. La Premier League tient (si besoin il y a) son argument. C’est incontestablement le meilleur championnat au monde. Les Spurs devaient tenir pendant 35 minutes. Chose qu’ils ont pu faire pour offrir à leur coach un petit avant-goût de gloire, en attendant des jours bien meilleurs.



Juventus-Roma (19h45) : La Vieille dame impose le respect
Ce fût l’affaire de sept petites minutes. Pirlo sur coup-franc (11ème), Vidal sur penalty (16ème), et Matri après un bel enchaînement contrôle-tir (19ème). La sentence est prononcée : même avec un demi-entraîneur, la Juve est  un cran et demi au dessus des autres prétendants au titre. Ce soir encore, Conte a pu apprécier depuis sa tribune la maîtrise de son équipe. Un onze à la symétrie parfaite, organisé autour du virtuose Andrea. Le maestro grille les lignes adverses en dessinant ses envoûtantes trajectoires en cloche qui trouvaient des Cacéres, De Cigli ou Vucinic comblés. Zeman a dû vite se taire face à l’adversaire qu’il aime le plus titiller. En jouant la carte Destro à la place de Totti, le coach tchèque a pu pourtant hériter d’un penalty transformé par Osvaldo (69ème). Douce illusion. Giovinco remet plus tard les pendules à l’heure en récompensant la valeureuse course de Barzagli sur le moyenâgeux Taddei. La vecchia signora corrige un concurrent direct au moment où les deux clubs milanais s’écartent de leur plein gré de la course. Déjà champions ?



FC Sevilla-Barça (21h00) : Une remuntada on ne peut plus sulfureuse

Il y a quinze jours, les andalous ont joué leur match référence contre Madrid. Ce soir, l’objectif est de rééditer l’exploit face à l’autre tyran de la Liga. A la mi-temps, le contrat est rempli. 1-0, sur but de Trochowski, Le même qui avait marqué contre le Real. La charnière expérimentale (Song-Mascherano) est hésitante et Alves a la tête aux cieux au moment où l’allemand catapulte Valdès (26ème). A la reprise, Negredo surprend tout son monde en enfonçant le clou après un amour de pichenette (48ème). Les sévillans contiennent tant bien que mal le pressing des culés, jusqu'à ce que Fabregas hérite d’un ballon contré et décroche une frappe violente (53ème). A 2-1, le Barça coince pourtant. Fabregas a même jugé avoir besoin de simuler un coup de boule pour faire expulser le chilien Medel. A l’approche de la 90ème minute, Alcantara (entré en jeu à la place de Busquets) rôde le ballon du bras avant de le remettre à Messi. Tout le stade lève le bras au moment où Messi trouve un Cesc effrayant en maîtrise. M. Lahoz valide le but et expulse Michel (l’entraîneur sévillan) dans la foulée. Le panneau lumineux du quatrième arbitre affiche cinq minutes supplémentaires, alors qu’il en faut bien moins au Barça pour assommer une Séville abattue. Il en a fallu finalement trois avant que Messi, passeur de la soirée, ne trouve Villa. Boum ! Réconciliation, remontée et 11 points (virtuellement 8) devant le Real à une semaine du –déjà- troisième clasico de la saison.

29.9.12

Manchester City – Arsenal : Des Gunners mal payés, mais heureux quand même


(The big sunday, la suite)

La deuxième affiche de l’après-midi se déroulait à l’Etihad Stadium de Manchester. Pour Arsenal, il n’y aurait a priori pas meilleur timing pour faire un tel déplacement. La bonne passe des canonniers londoniens coïncide avec une période assez morose du côté desCitizens. Bien que pas du tout catastrophique, le début de saison des hommes de Mancini est décidément laborieux. Chanceux à Anfield, bousculés par Stoke puis baladés par le Real en milieu de semaine, les Skyblues ont de surcroît encaissé à chacune de leurs sorties depuis la reprise. En face, Arsenal affiche fièrement un clean sheet des plus inhabituels : XX YY, nouvel adjoint de Wenger, serait à l’origine de cet atout défensif inédit du côté du nord londonien.

Pour l’entame de ce match, les Gunners reposent plutôt sur les fondements. Jeu court, dédoublement de passes à ras-de-terre et maîtrise totale de l’entrejeu. Après des années d’expérimentations, Arsène semble avoir trouvé le bon dosage avec le quatuor Diaby-Arteta-Cazorla-Ramsey, en attendant le retour du fils prodige Wilshere. Totalement dépassés, les champions en titre trouvent pourtant la parade sur un corner très mal négocié par Mannone, le gardien de réserve d’Arsenal.

Libéré par ce cadeau venu du ciel, Manchester City commence à être enfin entreprenante. Un peu après la reprise, le duo Tevéz-Agüero est reconstitué. En panne de construction, Mancini peut compter sur les courses folles de Yaya Touré et les appels tranchants du duo d’attaque. En face s’est dressé un homme, et pas des plus attendus. Koscielny, homme du match, s’est occupé d’embrayer plusieurs offensives mancuniennes, tout en relançant proprement derrière. Profitant des entrées de Walcott et Giroud, Arsenal presse dans les dix dernières minutes dans l’espoir de ramener un petit point plus que mérité depuis Manchester. Et c’est… Koscielny qui valide ce point et sa bonne prestation en reprenant énergétiquement un ballon flottant qu’il est allé chercher dans la surface adverse. Sonnés, les locaux auraient pu tout perdre si Gervinho s’était appliqué à mieux enroulé son ballon, à quelques instants du sifflet final. Arsenal plus que jamais solide, ou City moins souverain que l’année dernière ? Visiblement les deux.



L’homme : S’il y a un homme sur le terrain qui aurait tout fait pour ne pas passer inaperçu, ce serait Koscielny. Le petit Laurent n’avait joué qu’une poignée de minutes contre Liverpool, lui qui avait perdu sa place au profit de la paire Vermaelen-Mertesacker. Contre City, il a rendu une copie parfaite. Souverain dans ces duels, même les plus improbables (ce retour tout en vitesse sur Tevéz), propre dans ces interventions sur les situations de contre et assez volontaire pour chercher puis taper ce ballon à la xxème minute.  Big up Laurent.


Liverpool – Man U : Gros bain d’émotions et de désillusions


Il y a de ces dimanches dont seule la Premier League détient le secret. Deux affiches, et pas des moindres. Liverpool qui reçoit United et Arsenal qui se déplace à l’Etihad Stadium pour affronter Manchester City.

Liverpool – Man U : Gros bain d’émotions et de désillusions

C’est tout simplement le derby de l’Angleterre. Ajoutons à cela que c’est le premier match à domicile de Liverpool après le dénouement de l’affaire Hillsborough. Brendan Rodgers, en quête d’une première victoire en cinq matchs, aligne la même équipe des quatre premières journées. Notamment les quatre nouveaux lieutenants du nord-irlandais : Sterling et Borini derrière Suarez, Allen et Shelvey autour de Gerrard.

La première mi-temps est à sens unique. Les Reds ne laissent que des miettes aux mancuniens et quadrillent parfaitement la pelouse d’Anfield Road. L’ex-entraîneur de Swanselona* est fier de ses ouailles, même si ces derniers n’arrivent pas à inquiéter outre-mesure Lindegaard, le portier danois de Manchester. A la 39ème, la tête brulée de Jonjo Shelvey choisit de mettre un coup d’arrêt à cette belle dynamique : un tacle en retard, à deux pieds décollés, sur Evans et une logique expulsion. A la reprise, Rodgers sort la carte Suso. Le jeune espagnol (18 ans), met le feu d’emblée et provoque un cafouillage dans la défense des Red devils. Le ballon choisit d’atterrir sur les pieds de Gerrard qui l’expédie sans plus tard dans les filets.

Malheureusement pour Liverpool, il était écrit que ce baroud d’honneur soit vain. En supériorité numérique, United confisque le ballon et envoie enfin ses latéraux en terre ennemie. Sur une des premières montées de Rafael, le brésilien a assez d’espace pour doser sa frappe enroulée qui meurt au petit filet droit de Reina. Cherchant courageusement le but de la victoire, les copains à Suarez savaient qu’ils risquaient la défaite. Et l’inéluctable survint. Contre foudroyant de Valencia et défense très approximative des Reds à bout de souffle. A peine effleuré, l’Equatorien chute dans la surface et offre le pénalty à Robin Van Persie. 1-2. United n’avait pas gagné depuis 2007 à Anfield, et ne méritaient surtout pas de gagner aujourd’hui.


L’homme : Gerrard, indiscutablement. Le capitaine-courage de Liverpool était le seul à faire le look-forward dans le jeu souvent latéral instauré par Rodgers. Sûrement galvanisé par la portée des évènements (Stevie G. avait perdu un cousin lors du drame d’Hillsborough), il a su ponctué sa prestation d’un but malheureusement insuffisant.

Le frisson : Le même à chaque retentissement du You’ll never walk alone, avant chaque match à domicile de Liverpool. Mais celui-là était particulier. En l’occurrence le premier après la révélation de la vérité concernant le drame d’Hillsborough. La semaine dernière, l’enquête a disculpé les 96 fans de Liverpool de leur supposée responsabilité dans le drame meurtrier de 1989. Les familles des victimes, ainsi que tous les supporters, avait souffert pendant 23 ans de cette double peine : la mort et l’injustice. Avant de tourner la page, un hommage vibrant aux âmes des fameux ninety-six.

      

18.9.12

Real-City: Sweet Europe vous dit bonjour!


Et enfin ! Retour des frissons accompagnant le divin retentissement de l’hymne de la Champions League. Pour les supporters du Real, la brèche européenne est doublement attendue, au vu du début catastrophique que sont entrain de réaliser les ouailles de Mourinho.

Le temps d’un match, exit la frustration de samedi au Pizjuan, les 8 points derrière le Barça et aussi les grimaces de Ronaldo. Cette année, le Real jouera une phase de poule digne de sa majesté aux grandes oreilles. Il n’y aura ni Steaua Bucarest ni Dynamo Zagreb (avec toute l’affection que je peux avoir pour les deux). Le tirage du 30 août a choisi de joindre au Real les champions d’Angleterre, d’Allemagne et des Pays-Bas. Premier match : Manchester City au Bernabeù !

Les Noisy neighbours de Sir Alex ne passeront plus sans bruit

Javi Garcia a marqué lors de sa 1ère apparition contre Stoke
La saison dernière, pour leur retour en C1, les Citizens n’ont pas été mieux lotis. Trébuchants face au Bayern puis tremblants face aux valeureux napolitains, les Skyblues ont quitté prématurément la compétition, à la surprise générale. Celui qui incarnera le plus cette débâcle reste à coup sûr Carlos Tévez. Refusant de rentrer en jeu alors que son équipe perdait 2-0 à l’Allianz Arena, il effectue depuis une longue traversée de désert avant de rejouer six mois plus tard, le 21 mars contre Chelsea. La suite est nettement plus glorieuse, à la fois pour City et Tévez, titulaire lors de la ligne droite vers un historique titre de champion d’Angleterre.

Depuis quelques semaines, la saison a repris sur les mêmes fondements à l’Etihad Stadium. D’autres recrues sont venues renforcer l’effectif déjà pléthorique à disposition de Mancini. Samedi contre Stoke, Sinclair (ex-Swansea), Maicon (ex-Inter) et surtout l’ex-madridista Javi Garcia ont été alignés dès l’entame du match. Ce dernier, conscient du sort réservé aux jeunes de la Fabrica madrilène, s’était très tôt exilé à Benfica où il n’a pas tardé à s’illustrer. Contre Stoke, Javi Garcia a savamment couvert les montées hystériques du tout-terrain Yaya Touré. Malgré sa bonne prestation, le madrilène aura fort à faire durant la saison face à la concurrence de Rodwell et d’un certain… Gareth Barry !

Le Real en quête d’un deuxième électrochoc

Au Bernabeù, Maicon garde des souvenirs de la tribune
Car il y a eu un premier électrochoc, et pas des moindres. Tous affirmaient que la saison madrilène a été lancée à l’issue du match retour de la Super Coupe d’Espagne, un match transcendant où les joueurs semblaient déjà atteindre leur pic de forme. Mais depuis, le Real a encore sombré, si l’on excepte la terne parenthèse face à Grenade.

Mourinho, décidé à ne pas ranger sa langue dans sa poche, dit tout haut ce que les observateurs osent à peine chuchoter. Il pointe en conférence de presse le degré de motivation des champions d’Espagne en titre. Virevoltants face à Barcelone, ils paraissent à peine concernés lors des premiers matchs de la Liga. Le passage à la caisse est immédiat : 8 points de retard sur Barcelone et un titre plus que compromis.

Reste une certitude : il n’y aura point de souci de motivation ce soir. Tévez et Dzeko ont atteint une complicité effrayante. Derrière eux, l’entente Silva-Touré n’est plus à présenter. Maicon tentera de se rappeler de son beau souvenir madrilène ce soir où il souleva la Grande Coupe, il y a 2 ans. Face à ce beau monde, Mourinho alignera vraisemblablement Modric pour assurer un maximum de verticalité dans le jeu madrilène. Défensivement, on ne s’étonnera pas si le Mou arrive à sortir Essien des oubliettes pour contrer l’impact physique qu’imposera à priori Mancini. Sans oublier que le Kun a fait le voyage à Madrid. Absent depuis l’entame de la saison, Agüero tiendrait à retrouver ses sensations espagnoles sur un stade qui ne lui avait pas tant réussi que ça. Alléchante la soirée, non ?