19.10.12

Casa-Marrakech A/R


Jour du match à la gare de Casa Voyageurs. Quelques drapeaux, du rouge par ci, du vert par là. Enorme file derrière les guichets et partout ailleurs, les adeptes du gratos discutent des stratagèmes pour faire sauter le verrou des contrôleurs. Dans la file, il y a ceux qui ont choisi de minimiser le risque. Ils prennent un billet de train pour Bouskoura et signent un pacte de paix temporaire avec les autorités. C’est vrai que ça risque de chauffer entre Bouskoura et Marrakech, mais si ça passe, ça reste toujours 70 balles de moins.

Le climat est un peu tendu et les agents de sécurité ne présagent rien de bon. Le train de 12h50 fait le départ cinq minutes avant l’heure et provoque une première émeute. Reste alors celui de 14h50, le dernier à prendre pour ceux qui voudront rattraper le match au stade.

Avant- match sur les chemins de fer

Comme prévu, le train fait le sur-plein. Une affluence digne d’un avant-aïd ou d’un weekend de vacances scolaires. Nos amis du gratos répondent présent, sans grande surprise. Ils rejoignent leurs confrères de Fès, Meknès, Kénitra, Salé et Rabat. Les autres voyageurs jugent bon de ranger tout objet d’une quelconque valeur, sauf le type à côté qui tient à finir son petit film sur Ipad. Nos amis passent en file indienne et scrutent d’un regard pas très amical tous ceux qui sont assis, surtout celles qui sont assises. L’Ipad a fini par attirer une bonne foule aussi. Les mains tremblantes du type qui pourtant voulait faire semblant d’être indifférent donnent un spectacle affligeant. Heureusement pour lui, la file indienne était longue derrière et sommait nos amis d’avancer. L’Ipad finit par être rangé, les écouteurs aussi.

L’ONCF a semble-t-il fini par s’habituer. Il a lui aussi sa propre milice. Oui, oui, une vraie milice. De braves et grands gaillards, munis de battes couvertes de scotch blanc. La lutte a été âpre pendant quelques minutes mais la file indienne a été finalement neutralisée. Les plus bruyants sont emmenés aux toilettes improvisées en poste de police. Pleurs et supplications fusaient, suscitant approbation et soulagement chez les nerveux passagers.

Complots, Zaki, Tunisie et coups de matraque sur la route au stade

3 heures et demi plus tard. Gare de Marrakech. La jolie gare de la jolie Marrakech. Les dégâts ne tardent pas à se faire constater. Nos amis ne se sont pas tous faits choper, ils sont forts. A l’arrivée, manifestation improvisée : « Biilkiii, Faboooooor » (Gratos les amis, prenez ça les flics), le tout en arrachant les plantes qu’ils trouvent à portée de main.

18h30. On apprend que les taxis ne peuvent pas aller jusqu’au stade. C’est la course aux places dans les Honda et tri-porteurs qui s’attroupent autour de la gare. Les enchères commencent à 80dh la place. Au final, nous serons six à payer 15dh pour un aller simple. Le chauffeur dribble tout ce qui lui passe devant. En même temps, un fhamator attitré prend la parole. ‘Puisse Dieu nous aider à pousser à quitter ce pays de merde, mais bon, Vive le Roi quand même’. ‘J’ai juré de ne jamais regarder un match de ces petites pouffiasses, mais bon Dieu me pardonne, c’est l’amour du pays’. Autour, trois mecs parlaient des déclarations de Taoussi. Pour le fhamator, il est toujours le bon moment de parler de Zaki. Le chauffeur, qui a apparemment gardé un mauvais souvenir du passage de l’ex-sélectionneur au KACM, essaie de tempérer un peu l’enthousiasme autour de Zaki. Un type rappelle aussi qu’en 2005, tout le monde voulait qu’il dégage après l’élimination contre la Tunisie. Fhamator a réponse à tout. ‘En 2005, on leur a vendu le match pour qu’ils nous laissent organiser la coupe du monde. C’est ce pays de merde, ils jouent de nos sentiments. Zaki le pauvre pleurait, il ne voulait pas leur vendre le match. D’ailleurs cette petite pute de Naybet a participé aux négociations, c’est pour ça qu’il est à la Fédé là’. Bon notre ami ne sait pas que la coupe du monde a été attribuée en mai 2004, mais bon, peu importe.

19h30. Les forces auxiliaires autour du stade sont débordées par la marrée humaine. Dernier recours, la matraque pour tous. Les trois types de la Honda arborent une carte bleue en criant ‘Marine royale, marine royale’. Les barrières s’écartent et on passe derrière. Le stade est vraiment beau. Dernier barrage, le plus sophistiqué aussi. Un dispositif en infrarouge ou un truc de la sorte pour valider le ticket et débloquer la porte. Mais bon, on a importé le dispositif, mais pas les usagers avec. Les passe-droits ne s’arrêtent devant aucune technologie, aussi pointue soit-elle. Un moustachu en costard donne des ordres en insultant le pauvre stadier, et hop ça s’ouvre. Prends ça l’infrarouge.

Le Mozambique, c’est finalement comme l’Algérie

Quelques escaliers plus tard, le paysage se dégage. Le stade est vraiment beau. C’est quand même différent les tribunes à deux étages. Le virage sud est plein et puis les places ne sont pas numérotées. Bon apparemment c’est trop demander. Les flics te demandent de prendre place mais t’empêchent d’en chercher une. Une équation compliquée mais bon résolue à quelques minutes du début. La dizaine de mozambicains qui arrivent reçoivent leur grosse huée, et derrière leur hymne aussi. Au retentissement du notre, le patriotisme occasionnel enregistre un pic et mon voisin verse même quelques larmes. Pas sûr que ça l’empêchera de maudire le pays et le ciel qui est dessus après le match, mais bon on est au Maroc.

La première mi-temps est morne. On est derrière le but mozambicain. El Arabi rate la première occasion et envoie le ballon aux tribunes. Mais bon pas assez haut pour que l’on puisse récupérer la balle au deuxième étage. Taoussi offre un spectacle tout seul. L’avantage au stade c’est qu’on ne rate pas une miette de ces réactions, même à une passe ratée. C’est pour ça aussi que tout le monde savait en première mi-temps que Belhanda ne tardera pas à sortir. Entre temps il y a eu le but de la tête de Barrada qu’une moitié de la tribune a raté. Les flics s’étaient attroupés pour… empêcher un mec de prendre une photo. Il faut croire qu’il y a une question de droit télévisés derrière ou quelque chose de la sorte.

1-0 à la mi-temps. C’est bien mais personne n’est rassuré. Les organisateurs juge bon de mettre à fond la chansonnette de la Massira. Etmine de rien ça a marché. Ca dansait un peu de toutes les manières et les « Allahou akbar » à répétition galvanisaient tout ce beau monde. Assaidi fait son entrée à la place d’un Aqqal pas très convaincant, sauf peut être pour les quelques khouribguis qui doivent en être fiers. On n’a plus le but du Mozambique devant nous et là il n’y a que Nadir qui nous tourne le dos. Dans l’autre extrémité, on arrivait à distinguer Assaidi faire des misères aux gens de Maputo, mais il n’y a personne à la conclusion. El Arabi rate et rate encore et le public n’en peut plus. Les Rajaouis jurent qu’avec Yajour, ça aurait été minimum 4-0. Belhanda essaie de bloquer le ballon du front, et comme prévu ça ne lui réussit pas. Les Rajaouis autour scandent « Bombonera, bombonera, Metouali Maradona ». On a envie de les croire mais personne n’a la force pour ça.  Quand Barrada tombe dans la surface, le stade gronde et l’arbitre siffle car dans tous les cas il n’a pas le choix. Pénalty et carton rouge en supplément. Nadir ne nous tourne plus le dos et préfère voir le reflet du péno dans nos yeux écarquillés. Kharja, comme un grand, ne tremble pas.

2-0. Et bizarrement, ce ne fût pas une délivrance. Il restait 25 minutes et on était en supériorité numérique. Le stress est étouffant et le vent souffle fort sur la rase périphérie de Marrakech. On tremblait et on ne savait pas si c’est le stress ou bien le froid. Longues mais rapides minutes. Assaidi martyrise ses vis-à-vis et libère son acolyte Bergdich. Ce dernier enroule bien sa banane vers la tête d’El Arabi. Bon il aurait été un homme mort s’il avait raté celle là aussi. Mais d’une tête croisée, il envoie balader tous les démons, les siens et ceux des autres. On y est putain, on n’a plus le droit de se planter. Le monde est euphorique autour et le policier est débordé à empêcher les gens de prendre des photos avec le drapeau. En bas de la tribune, les mozambicains n’ont plus rien à perdre là qu’il ne peut plus y avoir des pénaltys. Belkhder est littéralement cramé et marque de très loin son vis-à-vis. Ah cet instant avant que le joueur décoche son centre, c’est vraiment décuplé par rapport à la pression qu’on sent derrière son poste de télé. Heureusement, BenittoBenatia est là et dégage de la tête in-extremis. Assaidi amorce le contre, ils sont 4 contre 3. Il décale Amrabat qui est seul à droite. Depuis la tribune sud on ne sait pas à jusqu’à quel point il s’approche du gardien mais on lui demande de tirer quand même. Il écrase son tir. Le ballon trotte jusqu’au petit filet droit du pauvre gardien du Mozambique. Mon voisin pleure mais vraiment fort. Même le flic jette un coup d’œil sur le terrain. J’en ai l’intime conviction maintenant. Le stadier, tournant son dos à l’arène et n’ayant comme spectacle que les émotions des autres,  a un des pires métiers au monde.

L’After…

A la sortie, quatre bus attendent. Quatre seulement. Ca doit être le fruit d’une longue réflexion des autorités. Nos amis courent pour y prendre place et pas de la plus paisible des manières. D’autres négocient avec les tri-porteurs. Nous autres rentreront à pied. C’est loin mais c’est plus facile après une victoire. Sur le chemin, des familles entières et beaucoup de bonnes femmes s’amassaient pour saluer les revenants. A pied on a l’impression d’être nous-mêmes les joueurs avec le regard admiratif que ces dames nous lançaient. Les quatre bus finissent par passer. Sans vitres, sans portes et avec des passagers en haut du véhicule. La matraque est ressortie et nos amis sautaient des fenêtres des bus, les uns sur les autres. Quelques policiers prennent des coups de massue sur la tête. Tout ça avec comme fond sonore youyous et klaxons. 2 heures et demi plus tard, retour à la case départ. Devant la gare, nos amis attendront bruyamment le premier train du matin…       


30.9.12

Menu royal du samedi: 12h45-23h foot non-stop

La pluie n’était pas la seule raison pour ne pas sortir de chez soi ce samedi. Sur Canal+, ils en ont fait un grand relais. Il faut dire qu’entre un match et le suivant, il y avait juste le temps de passer le témoin.

Derby de Londres (12h45) : Coup d’arrêt pour Arsenal

Les Gunners étaient jusque là habitués à faire des débuts de championnat bien plus foireux. Après une entame solide et sympathique, c’était l’heure de se frotter aux voisins de Chelsea. Dans un Emirates ensoleillé, Di Matteo a choisi d’aligner (presque) tous ses lutins. Mata, Hazard et Oscar s’accaparent le ballon. Dans ce débat d’entrejeu, Wenger perd vite Abou Diaby sur blessure. Quelques minutes plus tard, Torres glisse le pied devant Koscielny et conclut le service de Mata sur coup franc. Gervinho parvient à recoller les siens à la marque avant la pause, mais c’est décidément un jour sans pour Arsenal. Mis en difficulté par des blues solides mais très attentistes, ils encaissent le coup de grâce sur un coup franc de Mata dévié par Koscielny. Le défenseur français pourrait incarner à lui seule la déroute d’une équipe qui donnait l’impression d’être beaucoup plus solide.




Norwich-Liverpool (14h00): The beginning of the walk

Les Reds commencent la rencontre avec une malheureuse 17ème place. Brendan Rodgers ne lâche rien de sa philosophie mais change quelques pièces. Si Sahin a naturellement pris la place de Shelvey (suspendu), l’italien Borini a été sacrifié au profit du jeune Suso. Devant, l’inusable Suarez fraye le chemin au sien dès la 2ème minute en ouvrant le score. Derrière, ça déroule. Il faut dire qu’en Angleterre, peu d’équipes peuvent se targuer d’avoir un milieu tel que Gerrard-Sahin-Allen. Ce dernier a été monumental, jouant impérieusement devant sa défense et relançant le plus proprement possible. Capitain Stevie, libéré des tâches défensives, a pu apporter sa sainte touche à l’avant-garde. Et que dire de Suarez ? Certainement un des 5 meilleurs avant-centres au monde ces dernières années. Son deuxième but le confirme : interception, petit pont, frappe brossée de l’extérieur qui meurt dans le petit filet gauche du pauvre Ruddy. Il offre le troisième but à Sahin puis se charge de valider aussitôt son hat-trick d’un amour de frappe enroulée (voir vidéo). Les Canaris, encore plus loosers que leurs adversaires du jour, parviennent à marquer deux petits buts. De tièdes ardeurs que Gerrard calmera très vite d’un tir dévié après une jolie course de Raheem Sterling. Score final 2 à 5. La hantise de la première victoire dépassée, Rodgers peut enfin travailler en sérénité.  


Manchester United-Tottenham (17h30) : Premier fait d’armes d’Andre Villas-Boas

Entraîneur malheureux depuis qu’il a traversé la manche, AVB avait l’occasion de faire son entrée dans l’histoire des Spurs. Depuis 23 ans, Tottenham n’a jamais gagné à Old Trafford. Sacré challenge qu’est celui de succéder au vénérable Terry Venables. Pour s’atteler à la tâche, le « Special two » aligne Dembélé et Dempsey, le duo de charme qu’il a subtilisé à Fulham. Mais c’est Vertonghen, transfuge de l’Ajax, qui fait taire Old Trafford après deux petites minutes. Longue course un peu maladroite, mais une défense mancunienne trop laxiste qui ne peut que dévier le tir au fond des filets. A l’image de leur première période à Anfield, les ouailles de Sir Alex sont léthargiques. Batman Bale ne demandait pas plus que ça. Lancé par Dembélé, il déclenche une course sur le bon vieux Ferdinand et croise à la perfection son tir. Lindegaard ne peut qu'apprécier la trajectoire. 0-2.

A la reprise, Rooney rejoint Van Persie aux avant-postes. Wazza est la clé. Ses décrochages avait manqué à ses coéquipiers, surtout à Scholes avec qui la connexion ne tarde pas à se rétablir. A la 51ème, il est sur l’aile droite au moment d’adresser son caviar à Nani. Friedel est battu, mais ce n’est que le début des 2’20’’ les plus folles de la saison. A la fin du ralenti du but de Nani, Defoe se démène seul comme un diable et lance Bale qui tire à bout portant. Lindegaard lâche dans les pieds de Dempsey qui pousse au fond. 1-3. Une douche froide s’abat sur the theater of dreams. Sur la remise en jeu, les Red Devils ne se posent pas de question. Le ballon est vite expédié vers Van Persie qui trouve Kagawa dans la surface. A en couper le souffle. La Premier League tient (si besoin il y a) son argument. C’est incontestablement le meilleur championnat au monde. Les Spurs devaient tenir pendant 35 minutes. Chose qu’ils ont pu faire pour offrir à leur coach un petit avant-goût de gloire, en attendant des jours bien meilleurs.



Juventus-Roma (19h45) : La Vieille dame impose le respect
Ce fût l’affaire de sept petites minutes. Pirlo sur coup-franc (11ème), Vidal sur penalty (16ème), et Matri après un bel enchaînement contrôle-tir (19ème). La sentence est prononcée : même avec un demi-entraîneur, la Juve est  un cran et demi au dessus des autres prétendants au titre. Ce soir encore, Conte a pu apprécier depuis sa tribune la maîtrise de son équipe. Un onze à la symétrie parfaite, organisé autour du virtuose Andrea. Le maestro grille les lignes adverses en dessinant ses envoûtantes trajectoires en cloche qui trouvaient des Cacéres, De Cigli ou Vucinic comblés. Zeman a dû vite se taire face à l’adversaire qu’il aime le plus titiller. En jouant la carte Destro à la place de Totti, le coach tchèque a pu pourtant hériter d’un penalty transformé par Osvaldo (69ème). Douce illusion. Giovinco remet plus tard les pendules à l’heure en récompensant la valeureuse course de Barzagli sur le moyenâgeux Taddei. La vecchia signora corrige un concurrent direct au moment où les deux clubs milanais s’écartent de leur plein gré de la course. Déjà champions ?



FC Sevilla-Barça (21h00) : Une remuntada on ne peut plus sulfureuse

Il y a quinze jours, les andalous ont joué leur match référence contre Madrid. Ce soir, l’objectif est de rééditer l’exploit face à l’autre tyran de la Liga. A la mi-temps, le contrat est rempli. 1-0, sur but de Trochowski, Le même qui avait marqué contre le Real. La charnière expérimentale (Song-Mascherano) est hésitante et Alves a la tête aux cieux au moment où l’allemand catapulte Valdès (26ème). A la reprise, Negredo surprend tout son monde en enfonçant le clou après un amour de pichenette (48ème). Les sévillans contiennent tant bien que mal le pressing des culés, jusqu'à ce que Fabregas hérite d’un ballon contré et décroche une frappe violente (53ème). A 2-1, le Barça coince pourtant. Fabregas a même jugé avoir besoin de simuler un coup de boule pour faire expulser le chilien Medel. A l’approche de la 90ème minute, Alcantara (entré en jeu à la place de Busquets) rôde le ballon du bras avant de le remettre à Messi. Tout le stade lève le bras au moment où Messi trouve un Cesc effrayant en maîtrise. M. Lahoz valide le but et expulse Michel (l’entraîneur sévillan) dans la foulée. Le panneau lumineux du quatrième arbitre affiche cinq minutes supplémentaires, alors qu’il en faut bien moins au Barça pour assommer une Séville abattue. Il en a fallu finalement trois avant que Messi, passeur de la soirée, ne trouve Villa. Boum ! Réconciliation, remontée et 11 points (virtuellement 8) devant le Real à une semaine du –déjà- troisième clasico de la saison.

29.9.12

Manchester City – Arsenal : Des Gunners mal payés, mais heureux quand même


(The big sunday, la suite)

La deuxième affiche de l’après-midi se déroulait à l’Etihad Stadium de Manchester. Pour Arsenal, il n’y aurait a priori pas meilleur timing pour faire un tel déplacement. La bonne passe des canonniers londoniens coïncide avec une période assez morose du côté desCitizens. Bien que pas du tout catastrophique, le début de saison des hommes de Mancini est décidément laborieux. Chanceux à Anfield, bousculés par Stoke puis baladés par le Real en milieu de semaine, les Skyblues ont de surcroît encaissé à chacune de leurs sorties depuis la reprise. En face, Arsenal affiche fièrement un clean sheet des plus inhabituels : XX YY, nouvel adjoint de Wenger, serait à l’origine de cet atout défensif inédit du côté du nord londonien.

Pour l’entame de ce match, les Gunners reposent plutôt sur les fondements. Jeu court, dédoublement de passes à ras-de-terre et maîtrise totale de l’entrejeu. Après des années d’expérimentations, Arsène semble avoir trouvé le bon dosage avec le quatuor Diaby-Arteta-Cazorla-Ramsey, en attendant le retour du fils prodige Wilshere. Totalement dépassés, les champions en titre trouvent pourtant la parade sur un corner très mal négocié par Mannone, le gardien de réserve d’Arsenal.

Libéré par ce cadeau venu du ciel, Manchester City commence à être enfin entreprenante. Un peu après la reprise, le duo Tevéz-Agüero est reconstitué. En panne de construction, Mancini peut compter sur les courses folles de Yaya Touré et les appels tranchants du duo d’attaque. En face s’est dressé un homme, et pas des plus attendus. Koscielny, homme du match, s’est occupé d’embrayer plusieurs offensives mancuniennes, tout en relançant proprement derrière. Profitant des entrées de Walcott et Giroud, Arsenal presse dans les dix dernières minutes dans l’espoir de ramener un petit point plus que mérité depuis Manchester. Et c’est… Koscielny qui valide ce point et sa bonne prestation en reprenant énergétiquement un ballon flottant qu’il est allé chercher dans la surface adverse. Sonnés, les locaux auraient pu tout perdre si Gervinho s’était appliqué à mieux enroulé son ballon, à quelques instants du sifflet final. Arsenal plus que jamais solide, ou City moins souverain que l’année dernière ? Visiblement les deux.



L’homme : S’il y a un homme sur le terrain qui aurait tout fait pour ne pas passer inaperçu, ce serait Koscielny. Le petit Laurent n’avait joué qu’une poignée de minutes contre Liverpool, lui qui avait perdu sa place au profit de la paire Vermaelen-Mertesacker. Contre City, il a rendu une copie parfaite. Souverain dans ces duels, même les plus improbables (ce retour tout en vitesse sur Tevéz), propre dans ces interventions sur les situations de contre et assez volontaire pour chercher puis taper ce ballon à la xxème minute.  Big up Laurent.


Liverpool – Man U : Gros bain d’émotions et de désillusions


Il y a de ces dimanches dont seule la Premier League détient le secret. Deux affiches, et pas des moindres. Liverpool qui reçoit United et Arsenal qui se déplace à l’Etihad Stadium pour affronter Manchester City.

Liverpool – Man U : Gros bain d’émotions et de désillusions

C’est tout simplement le derby de l’Angleterre. Ajoutons à cela que c’est le premier match à domicile de Liverpool après le dénouement de l’affaire Hillsborough. Brendan Rodgers, en quête d’une première victoire en cinq matchs, aligne la même équipe des quatre premières journées. Notamment les quatre nouveaux lieutenants du nord-irlandais : Sterling et Borini derrière Suarez, Allen et Shelvey autour de Gerrard.

La première mi-temps est à sens unique. Les Reds ne laissent que des miettes aux mancuniens et quadrillent parfaitement la pelouse d’Anfield Road. L’ex-entraîneur de Swanselona* est fier de ses ouailles, même si ces derniers n’arrivent pas à inquiéter outre-mesure Lindegaard, le portier danois de Manchester. A la 39ème, la tête brulée de Jonjo Shelvey choisit de mettre un coup d’arrêt à cette belle dynamique : un tacle en retard, à deux pieds décollés, sur Evans et une logique expulsion. A la reprise, Rodgers sort la carte Suso. Le jeune espagnol (18 ans), met le feu d’emblée et provoque un cafouillage dans la défense des Red devils. Le ballon choisit d’atterrir sur les pieds de Gerrard qui l’expédie sans plus tard dans les filets.

Malheureusement pour Liverpool, il était écrit que ce baroud d’honneur soit vain. En supériorité numérique, United confisque le ballon et envoie enfin ses latéraux en terre ennemie. Sur une des premières montées de Rafael, le brésilien a assez d’espace pour doser sa frappe enroulée qui meurt au petit filet droit de Reina. Cherchant courageusement le but de la victoire, les copains à Suarez savaient qu’ils risquaient la défaite. Et l’inéluctable survint. Contre foudroyant de Valencia et défense très approximative des Reds à bout de souffle. A peine effleuré, l’Equatorien chute dans la surface et offre le pénalty à Robin Van Persie. 1-2. United n’avait pas gagné depuis 2007 à Anfield, et ne méritaient surtout pas de gagner aujourd’hui.


L’homme : Gerrard, indiscutablement. Le capitaine-courage de Liverpool était le seul à faire le look-forward dans le jeu souvent latéral instauré par Rodgers. Sûrement galvanisé par la portée des évènements (Stevie G. avait perdu un cousin lors du drame d’Hillsborough), il a su ponctué sa prestation d’un but malheureusement insuffisant.

Le frisson : Le même à chaque retentissement du You’ll never walk alone, avant chaque match à domicile de Liverpool. Mais celui-là était particulier. En l’occurrence le premier après la révélation de la vérité concernant le drame d’Hillsborough. La semaine dernière, l’enquête a disculpé les 96 fans de Liverpool de leur supposée responsabilité dans le drame meurtrier de 1989. Les familles des victimes, ainsi que tous les supporters, avait souffert pendant 23 ans de cette double peine : la mort et l’injustice. Avant de tourner la page, un hommage vibrant aux âmes des fameux ninety-six.

      

18.9.12

Real-City: Sweet Europe vous dit bonjour!


Et enfin ! Retour des frissons accompagnant le divin retentissement de l’hymne de la Champions League. Pour les supporters du Real, la brèche européenne est doublement attendue, au vu du début catastrophique que sont entrain de réaliser les ouailles de Mourinho.

Le temps d’un match, exit la frustration de samedi au Pizjuan, les 8 points derrière le Barça et aussi les grimaces de Ronaldo. Cette année, le Real jouera une phase de poule digne de sa majesté aux grandes oreilles. Il n’y aura ni Steaua Bucarest ni Dynamo Zagreb (avec toute l’affection que je peux avoir pour les deux). Le tirage du 30 août a choisi de joindre au Real les champions d’Angleterre, d’Allemagne et des Pays-Bas. Premier match : Manchester City au Bernabeù !

Les Noisy neighbours de Sir Alex ne passeront plus sans bruit

Javi Garcia a marqué lors de sa 1ère apparition contre Stoke
La saison dernière, pour leur retour en C1, les Citizens n’ont pas été mieux lotis. Trébuchants face au Bayern puis tremblants face aux valeureux napolitains, les Skyblues ont quitté prématurément la compétition, à la surprise générale. Celui qui incarnera le plus cette débâcle reste à coup sûr Carlos Tévez. Refusant de rentrer en jeu alors que son équipe perdait 2-0 à l’Allianz Arena, il effectue depuis une longue traversée de désert avant de rejouer six mois plus tard, le 21 mars contre Chelsea. La suite est nettement plus glorieuse, à la fois pour City et Tévez, titulaire lors de la ligne droite vers un historique titre de champion d’Angleterre.

Depuis quelques semaines, la saison a repris sur les mêmes fondements à l’Etihad Stadium. D’autres recrues sont venues renforcer l’effectif déjà pléthorique à disposition de Mancini. Samedi contre Stoke, Sinclair (ex-Swansea), Maicon (ex-Inter) et surtout l’ex-madridista Javi Garcia ont été alignés dès l’entame du match. Ce dernier, conscient du sort réservé aux jeunes de la Fabrica madrilène, s’était très tôt exilé à Benfica où il n’a pas tardé à s’illustrer. Contre Stoke, Javi Garcia a savamment couvert les montées hystériques du tout-terrain Yaya Touré. Malgré sa bonne prestation, le madrilène aura fort à faire durant la saison face à la concurrence de Rodwell et d’un certain… Gareth Barry !

Le Real en quête d’un deuxième électrochoc

Au Bernabeù, Maicon garde des souvenirs de la tribune
Car il y a eu un premier électrochoc, et pas des moindres. Tous affirmaient que la saison madrilène a été lancée à l’issue du match retour de la Super Coupe d’Espagne, un match transcendant où les joueurs semblaient déjà atteindre leur pic de forme. Mais depuis, le Real a encore sombré, si l’on excepte la terne parenthèse face à Grenade.

Mourinho, décidé à ne pas ranger sa langue dans sa poche, dit tout haut ce que les observateurs osent à peine chuchoter. Il pointe en conférence de presse le degré de motivation des champions d’Espagne en titre. Virevoltants face à Barcelone, ils paraissent à peine concernés lors des premiers matchs de la Liga. Le passage à la caisse est immédiat : 8 points de retard sur Barcelone et un titre plus que compromis.

Reste une certitude : il n’y aura point de souci de motivation ce soir. Tévez et Dzeko ont atteint une complicité effrayante. Derrière eux, l’entente Silva-Touré n’est plus à présenter. Maicon tentera de se rappeler de son beau souvenir madrilène ce soir où il souleva la Grande Coupe, il y a 2 ans. Face à ce beau monde, Mourinho alignera vraisemblablement Modric pour assurer un maximum de verticalité dans le jeu madrilène. Défensivement, on ne s’étonnera pas si le Mou arrive à sortir Essien des oubliettes pour contrer l’impact physique qu’imposera à priori Mancini. Sans oublier que le Kun a fait le voyage à Madrid. Absent depuis l’entame de la saison, Agüero tiendrait à retrouver ses sensations espagnoles sur un stade qui ne lui avait pas tant réussi que ça. Alléchante la soirée, non ?

30.8.12

Le clasico qui en valait cent!


Fierté. Maître-mot de la soirée du côté de Bernabeù. Le frissonnant spectacle des 80 000 drapeaux blancs agités fiévreusement à quelques secondes du match est très évocateur. Le madridisme avait besoin, au-delà de la victoire, d’une démonstration d’abnégation de la part de joueurs paraissant lamentablement suffisants en ce début de saison. Et Dieu, on a été servi !

La folle entame !

La couleur est annoncée dès le début. Comme il y a un an en aller de la Supercoupe, les merengues sont chauffés à blanc. Di Maria, Özil et Higuain y vont de leur pressing fou. Sauf que cette fois, les catalans tardent à calmer les ardeurs adverses. Dès qu’ils franchissent le premier rideau madrilène, Busquets et consort se heurtent à la paire Alonso-Khedira, placée anormalement aux abords du dernier quart du terrain barcelonais. Les récupérations se multiplient, Higuain reçoit le gonfle dans la surface, enchaîne et lâche une frappe bien molle dans les mains de Valdès. Quelques minutes plus tard, alors que les blaugranas commençaient à grignoter quelques mètres, l’inéluctable se produit. Long ballon en cloche vers Higuain délaissé par Mascherano, Pipita ne tremble heureusement pas en la mettant au fond. Poussés par la fougue d’un stade déchaîné, continuent leurs enchaînements. Marcelo et Di Maria se régalent sur leurs lignes de touche, tout en récupérant la possession aussitôt qu’ils la perdent. Mais c’est par un autre long ballon que Madrid creusera son petit trou. Messi se troue sur un de ces premiers ballons. Khedira récupère et balance devant. A la chute du ballon, deux hommes, Ronaldo et Piqué. D’un imprévisible lob du talon, CR7 lâche son éternel vis-à-vis. Blocage hasardeux par la suite, mais c’était écrit. Ronaldo doit inscrire ce 5ème but consécutif en autant de clasicos. Le pauvre Valdès dévie, mais dans ses filets.

Ah… ce rouge.

Que faire ? Temporiser ou enfoncer ? Croire en ce fou espoir d’une manita de revanche ou appréhender un retournement de situation des catalans ? Les joueurs de Madrid ne semblent pas se poser les mêmes questions que ces névrosés de supporters, ils sont sur un nuage. Mascherano prend un jaune après un écran sur Di Maria et dans la foulée, Ronaldo échappe à Adriano et n’entrevoit que le pauvre Valdès. Le latéral brésilien choisit en un brin de seconde de ceinturer le portugais. Vaut mieux prendre un rouge qu’un 3-0 à la demi-heure de jeu, a-t’il probablement jugé.
Et vint alors ce rouge… Ce petit détail qui oblige une équipe victorieuse à changer quelque chose alors qu’elle veut juste que rien ne change là-haut dans son petit nuage. Vilanova sort dans la foulée Alexis pour rétablir sa ligne défensive avec le jeune Montoya. L’espace de quelques minutes, on aurait pu croire qu’El Heredero puisse renouer avec la folle défense à 3 de son mentor.
Ce fait de jeu refroidit paradoxalement les ardeurs qui planaient jusque là sur le Bernabeù. Madrid baisse d’un cran et Busquets tisse sa toile. Messi touche quelques ballons avant de décrocher son petit sésame. Un coup franc placé au centre, à 25 mètres. Casillas place un frileux mur que la Pulga perce d’une magistrale frappe enroulée. Depuis 2005 et Ronaldinho, le Barça n’avait plus marqué sur coup de pied arrêté dans les face-à-face avec le Real. Le match est relancé alors que M. Lahoz indique le chemin des vestiaires au beau monde sur le terrain.

Western spaghetti

Elle fût longue cette mi-temps. Quand on imagine déjà Barcelone recoller au score, plantant des madrilènes cramés avant de marquer un troisième but sur contre à la dernière minute. Dur d’imaginer ces moqueries qui ne tarderont à fuser, ces louanges envers un Barça remontant 2 buts avec infériorité numérique. Et puis surtout, un Barça célébrant la coupe dans un triste Cha Martin.
Les doutes ne se dissiperont pas aussitôt. Ils ne se dissiperont qu’au sifflet final. Mais entre temps, les joueurs de Mourinho ont marqué plein de pauvres existences par leur heureuse empreinte. Fougue, maîtrise, tacles enragés et délicieuses phases offensives que le damné d’Higuain a préféré de ne pas concrétiser. La seconde période ressemblait à ces duels mexicains des westerns spaghettis. Chacun pointait son pistolet sur le front de l’autre. L’odeur de la mort fuse et submerge le stade à chaque attaque, d’un côté puis de l’autre. Song fait son baptême, suivi de Modric. Le petit lutin croate aide ces coéquipiers à gagner de précieuses secondes en ces moments où les secondes semblent comme par magie durer de longues heures. A 30 secondes du sifflet, les aficionados veulent y croire, ils brandissent leurs drapeaux et se lèvent de leurs sièges douillets. Non, vamos a ganar cette fois, c’est la nôtre. Ce fût effectivement la nôtre. Mourinho a reproduit son Inter-Barça d’antan et continue son chef-d’œuvre avec la troisième coupe sur trois décernés sur le sol espagnol. Le regard est désormais tourné à l’autre, la salope aux grandes oreilles. 

23.8.12

[Foot-Fiction] La Liga comme vous ne la verrez - malheureusement - jamais! (Partie 1)


La Liga a commencé le weekend dernier. Peu importe, ça ne compte pas. Tout le monde le sait en Espagne et ailleurs, la saison commence avec la Supercoupe. N’en déplaise à la LFP et la Fédération espagnole.

Samedi, 19h40 heure espagnole. Valence égalise par le biais d’un coup-franc de Tino Costa. Pour cause, une sortie hasardeuse de Casillas qui de surcroît fracasse le crâne du brave et valeureux Pepe. Quelques minutes après, à la rentrée des vestiaires, un médecin du staff madrilène veut s’assurer du bandage du portugais quand ce dernier l’interpelle : Qui ? Moi je m’appelle Pablo. Qu’est ce que je fous ici ? D’urgence, le pauvre défenseur est embarqué à l’hôpital. Première conséquence, le roc laissera un trou lors du classico de jeudi.

4 jours plus tard, Mourinho fait rentrer le balbutiant Albiol à côté de Ramos au centre de la défense. Les blaugranas, sur la lignée de leur match contre Sociedad (5-1), enchaînent de la plus impitoyable des manières. Arbeloa, Ramos et surtout le pauvre Albiol souffrent le martyr face à ceux qu’ils côtoyaient il y a quelques semaines au moment de gagner l’Euro à Kiev. Seul Coentrão surnage, mais Cristiano ne lui fait presque aucun appel de balle. Déjà face à Valence, il a peiné à finir le match. A la 83ème minute, Song, déjà qualifié, effectue son baptême de feu. Frappe molle mais déviée par le damné d’Albiol. Tito gratte un peu son œil en regardant du côté de Mourinho. Score final : 4-0.


Appelez le Pablo!

Le lendemain, Florentino passe ses coups de fil outre-manche et fait savoir qu’il ne négocie plus pour Modric. Ce sera 40 sonnants et trébuchants millions d’euros pour que le Mozart croate prenne le premier avion destination Barajas. Samedi, le petit Luca n’est pas le seul à rejoindre les entraînements du Mou. Un défenseur discret fait son apparition à Valdebebas. Il est sonné et répond au doux nom de Pablo. Il s’agit de l’ultime coup de génie du Presidente : en rendant visite à l’hôpital au défenseur portugais qu’il avait acheté à 30 millions, Florentino voit son colosse insister sur le fait qu’il s’appelait Pablo, depuis tout le temps. Au lieu d’annoncer la nouvelle de l’amnésie de Pepe à la presse, en faire une effigie et préparer le jubilé, le magnat de l’immobilier pense avoir une meilleure idée. « Pepe a changé, il est devenu plus calme après son choc. Il est conscient qu’il revient de loin. C’est une deuxième vie qu’il entame. Il a préféré de se rebaptiser Pablo pour cette nouvelle étape de sa vie. Notre joueur s’abstient de donner toute déclaration. Prière de respecter la vie privée de notre défenseur Pablo ». La déroute du jeudi est oubliée, l’opération de com’ est réussie, reste celle du fric. L’ordre est donné à l’équipementier d’imprimer le nom de Pablo sur 2 millions de tenues. La livraison est écoulée avant même le match retour de la Supercoupe.

Mercredi. Le Bernabeù est parcouru d’un mélange de peur et d’intrigue. Premiers assauts catalans. Messi ne passe pas, voilà deux fois qu’il se fait subtiliser le ballon proprement par le ressuscité Pablo. Ce dernier dribble le lutin argentin et relance proprement Xabi dans la foulée. Stupeur au Cha Martin. Les barcelonais n’en reviennent plus et pressent encore plus haut que d’habitude. Xabi, réconforté à l’idée de ne plus voir Khedira à ses côtés, délivre une passe à Modric. Le croate passe comme un fil dans l’aiguille entre Busquets et Xavi et lance un Cristiano affranchi. La scène se répète deux, puis trois fois et Guardiola n’a toujours pas répondu aux SMS que Tito lui a envoyés à la mi-temps. Heureusement pour lui, l’arbitre siffle la fin sur une transversale de Higuain alors que le panneau d’affichage arborait le score de 3-0. Les catalans, abasourdis, oublient même de chercher la coupe. La saison est enfin lancée… 

6.7.12

Le calice jusqu'à la lie (Italie 0-4 Espagne)


« Je hais les dimanches », chantent Raphaël, Edith Piaf et tous ceux que hante la peur du lundi. Pourtant, le dimanche 24, Pirlo avait, à lui seul, su teinter de douceur une de ces soirées dominicales comme d’aucun ne les porte spécialement dans son cœur. Le dimanche d’après, le chemin retour du café se fait tête basse. Ces enfoirés d’espagnols ont gâché la fête. Ils ricanent là de leurs voix stridentes alors qu’une nouvelle semaine pointe le nez. Non, cette fois, le foot n’a pas été magique.

Au coup d’envoi, tiraillement entre cœur et raison. Si l’on ne se tient qu’à la dernière, les allemands auraient été mieux placés pour subtiliser le titre aux espagnols. Le cœur, lui, croit en l’Italie. Celui de Buffon devait battre la chamade au moment où sa voix couvre littéralement celle de l’orchestre jouant Fratelli d’Italia.

Il y a trois semaines, un dimanche encore, les italiens avaient su tenir tête aux tenants du titre. Prandelli avait aligné un 3-5-2 qui avait étouffé la mise en place du jeu espagnol. Blessures, fatigue et autres aléas ont poussé depuis  le stratège italien à revenir à un 4 -4 -2 plus ‘rationnel’. En face, Del Bosque n’avait qu’une seule petite hésitation au niveau de la pointe de l’attaque, si pointe il y a. Commençant le tournoi avec un Fabregas en guise de faux neuf, Vincent Dubois a depuis fait appel à Torres ou encore Negredo, pour enfin revenir à l’option Fabregas à l’heure d’aborder la troisième finale consécutive de l’Espagne dans une compétition majeure.

Je ne pouvais pas supporter une nouvelle victoire des nains de jardin, non. Ces dictateurs de la possession savent garder le ballon, je le concède. Mais que ce soit en Afrique du Sud ou en Polognukraine, cette possession s’exerçait de plus en plus au milieu du terrain, avec de plus en plus de foutues passes en retrait. Face à l’Irlande, on criait au génie. En plus de m’être ennuyé, j’étais irrité de voir les champions du monde s’échanger de très courtes et interminables passes près de la ligne de touche, alors qu’ils menaient 4-0. Ce n’était pas de l’économie d’énergie, mais bel et bien un sadisme footballistique dans ses plus cruelles expressions.

Dimanche dernier, les 6 milieux espagnols ont pu avoir raison du joli diamant italien. Alors que les portugais avait opté pour un marquage individuel où même Busquets s’est trouvé avec un vis-à-vis, les hommes de Prandelli avaient reconduit la même stratégie adoptée face aux teutons. Mais Pirlo n’avait pas la même marge de manœuvre habituelle, butant toujours sur un Xavi comme ressuscité. Le virtuose barisien a du coup joué plus bas, sans pouvoir distiller de longues passes telles qu’il a pu délivrer tout au long du tournoi. Ceci étant dit, Marchisio et Montolivo ont pu faire parvenir plusieurs ballons à l’attaque transalpine, dérangeant sensiblement le désormais fébrile Piqué.

Constatant que cette finale ne sera pas la fête de la possession face à des azzurri accrocheurs, Xabi Alonso prend les choses en main. Le docteur ès ‘transversales et changements d’aile’ s’est occupé de rappeler qu’il ne faut pas nécessairement 50 passes pour arriver à la zone adverse. Longue passe vers Fabregas, Chiellini dans le vent. Cesc passe le ballon en retrait sur la tête croisée d’un Silva à l’apogée de sa carrière. L’Espagne ouvre le score après… seulement 36 secondes de possession.

Les italiens, qui n’avaient jamais été menés au score dans cet Euro,  viennent d’encaisser un but en finale. Et y’a-t-il pire que d’être menés au score par les espagnols ? Privation de ballon, passe à 10, provocation, recherche du but égalisateur, dégarnison des lignes arrière, accélération, passe assassine et break. Le second but de Jordi Alba était écrit d’avance, même si la squadra s’est créée de franches occasions toutes annihilées par Casillas. Là encore, le but du néo-culé trahit les fondamentaux de la tiki-taka : 4 passes pour seulement 13 secondes de possession.
 
La seconde mi-temps est un non lieu du foot, surtout après l’épisode Motta. Rentré à la 60ème minute à la place de Montolivo, il s’agit du dernier pion que lance Prandelli dans le champ de la bataille. Deux petites minutes plus tard, le joueur du PSG se tord de douleur suite à ce qui semble être une élongation musculaire. A 10, fatigués, lessivés, menés à 2-0, les ritals subissent la dure loi espagnole. ‘Tu souffriras, tu souffriras. Tu verrais le ballon circuler lentement entre Alonso et Busquets, puis Xaxi, et au moment où tu placeras ta petite course courageuse, retour à l’expéditeur entre les bois. Puis Casillas, à Ramos, à Piqué,… Tu boiras le calice jusqu’à la lie’. Heureusement pour les vaincus du jour, tous les bourreaux ne sont pas cruels. Torres et Mata achèvent dès leur rentrée la victime du jour alors que Casillas presse M. Proença de mettre fin au supplice.

Le foot tient son super-champion. Tant pis s’il n’a rien de chevaleresque. La presse porte l’Espagne aux cieux, et les gens s’auto-congratulent d’avoir pu regarder en live celle qu’ils nomment désormais unanimement meilleure sélection de l’histoire.  Un si joli Euro aurait pourtant mérité une bien moins triste issue.   





 Bonus track : 


Raphaël - Je hais les dimanches (Pacific 131)

1.7.12

Fratelli d'Italia!


Le patriotisme me fait peur. Mais celui des Italiens m’emplit de frissons. Fratelli d’Italia, tout un symbole. Les 11 joueurs qui s’étaient entrelacés jeudi soir au premier retentissement de l’hymne italien donnaient l’impression d’être des frères, de vrais. Tous chantaient au mot près, et au moment où la caméra fait son plan sur Buffon, le capitaine, on n’entend plus que lui, de sa voix ferme et belle.

De l’autre côté, la tension est nettement plus basse. L’hymne allemand n’est pas dégueulasse, mais il ne génère pourtant que quelques grimaces et ricanements sur les bouts de lèvres des joueurs teutons. A l’exception de Neuer, Schweinsteiger ou encore Lahm, l’épisode de l’hymne n’avait rien de transcendant. Et si les joueurs allemands n’étaient finalement pas d’authentiques 11 Freunde* ?

Löw en est à sa deuxième demi-finale contre les ritals. En 2006, il était encore adjoint de Klinsmann et constatait gentiment depuis le banc la frappe enroulée de Grosso suivie du lob assassin de Del Piero. 6 ans plus tard, sa Mannschaft est plus forte que jamais. Encensée de tous bords, symbole d’un renouveau allemand par le beau jeu, Coach Joachim abordait ce match dans une toute autre stature que celle arborée en 2006 au WestwalenStadion de Dortmund. Sauf que, sauf que. Löw s’est dit que c’était l’Italie, et qu’on n’affronte pas la Squadra comme on joue le reste de l’Europe.

A l’annonce des onze titulaires allemands, Kroos fait son irruption dans l’entrejeu central. Sachant que ce dernier compte déjà un trio Khedira-Schweinsteiger-Özil, il était clair que l’idée derrière ce renforcement était un marquage plus étouffant sur Pirlo, le faiseur de la nuit et du jour italiens.

Dès le début du match, les cartes se sont brouillées. Kroos et Özil se marchent sur les pieds, ce qui force le deuxième à décaler son positionnement un peu plus vers la droite. De son côté, Prandelli alignaient deux anomalies sur les deux côtés de la défense, Balzaretti à droite et Chiellini à gauche. Les allemands profitent de ce no-man’s land tactique du début de match pour placer quelques attaques, notamment du côté de Chiellini. Sur un centre en retrait de Boateng, Buffon a notamment échappé de peu à un but csc suite à une mésentente avec Barzagli.

Et le jour se leva. Pirlo est aux commandes. Özil repique au centre pour essayer de marquer le Mozart italien. D’une lenteur divine, San Andrea repousse le germano-turc et lève la tête. Le côté gauche est déserté par les allemands. Une beauté de ballon arrive chez Chiellini, vite soutenu par Cassano. Boateng appelle Hummels au renfort, mais le talent du Fantonino suffit pour prendre à contre pied les deux et servir un centre parfait. Devant le but, Badstuber est trop fragile pour enrayer la détente de Balotelli. 1-0.

Sonnés, les allemands n’en reviennent pas. Ils n’ont jamais été dans une telle situation depuis le début de l’Euro. Telle une machine, quand ça va, rien ne lui résiste et les mécanismes se déroulent à merveille. Mais au moindre grain de sable, les pièces maîtresses se désolidarisent, condamnant la machine à la panne. A l’opposée, les italiens ont presque besoin de ces grains de sable pour se transcender. Les Fratelli menés par un padrino affectueux ont souvent trouvé la source de leur motivation dans ces moments difficiles. Des moments que même le capitaine Lahm n’arrive pas à gérer, se laissant tromper par la course d’un Balotelli en ébullition. Tir violent, Neuer tend timidement la main et regarde la ballon s’installant tout en haut de son petit filet.

Le reste du match est un délice pour les joueurs de Prandelli, dégoûtant des allemands complètement à la rue. Sur quelques contres assassins, Di Natale et Diamanti aurait bien pu alourdir l’addition et épargner au peuple de la Botte les quelques frayeurs qui ont suivi le pénalty d’Özil à la 91ème minute.

Dimanche, face à des Espagnols dont le patriotisme n’est pas le point fort, le supplément d’âme des Italiens serait, avec Pirlo et Buffon, l’un de leurs principaux atouts. Forza Italia !



* '11 Amis' .Du nom d'un mensuel allemand consacré au foot. La publication tire son nom du livre de tactique de football de Sammy Drechsel, selon lequel 'si vous voulez gagner, vous devez être onze amis' 

Histoire de poteaux...


Ce fût finalement une histoire de poteaux. Certains rentrants, d’autres sortants. Les dieux du foot ont voulu que le tir au but de Fabregas soit concluant malgré ce ballon mou s’écrasant sur le poteau droit de Rui Patricio. Juste avant, le tir de Bruno Alves est beau, imparable mais sur la transversale. L’Espagne, sans brio, est en finale.

Le Portugal avait pourtant chamboulé toutes les prévisions. Pas de possession barcelonista de la part des espagnols, qui ont à peine culminé à 57% à la fin des prolongations.  Les responsables sont à chercher dans l’entre-jeu lusitanien : le trident Meireles-Moutinho-Veloso a étouffé la connexion entre les deux sentinelles Busquets-Alonso et leur meneur Xavi. L’autre anomalie se situait dans l’attaque espagnole. Del Bosque, dans son interminable quête du n°9 parfait, a choisi d’aligner Alvaro Negredo en avant-centre. Face aux distances réduites laissées par le marquage serré des milieux portugais, le monde du football a enfin vu l’Espagne ébranler son sacro-saint ras-de-terre en balançant de longs ballons vers l’attaquant du FC Séville.

Bento a donc réussi là où Prandelli et Bilic l’ont précédé. Par contre, il a des armes de plus. Si le pressing haut du bloc portugais arrivait à faire parvenir le gonfle à Cristiano ou Nani, l’œuvre serait complète. Tant bien que mal, Moutinho et Meireles ont pu provoquer quelques courses des deux MVP. Si Nani n’était définitivement pas dans son meilleur jour, CR7 n’a jamais eu ce dernier mouvement concluant, notamment à 89ème minute où son pied gauche dévisse un tir qui aurait envoyé les espagnols à la casa.

Les prolongations allaient être synonymes de souffrance pour les descendants d’Eusebio. D’autant plus que, émoussés, Veloso et Meireles ont dû céder leurs places à Custudio et Varela. Fragilisé, l’entrejeu lusitanien va exploser avec les entrées des fusées Pedro et Navas, accouplées au replacement de Fabregas dans sa nouvelle position de false nine. L’Espagne finit la rencontre sur les chapeaux de roue devant des portugais de plus en plus poussifs. Les tirs au but sont somme toute l’issue la plus équitable à la rencontre.

Xabi Alonso, tireur attitré de la Roja, est désigné comme premier tireur. Coup de théâtre, Rui Patricio repousse. San Iker relance dans la foulée sa sélection en s’emparant au tir croisé de Moutinho. Pepe marque. Ramos surmonte le syndrome Neuer avec une panenka hésitante. Nani prend en contrepied Casillas. Piqué continue le sans-faute des défenseurs. Un sans-faute qui prendra fin avec ce tir violent de Bruno Alves, repoussé par la transversale. Fabregas a le destin de la Roja entre les mains. L’ex-capitaine d’Arsenal n’en est pas à son premier péno. Il tremble un peu. Son ballon, un peu écrasé, rebondit sur le gazon de Donetsk avant croiser le poteau droit. Intervention divine, le ballon file dedans. Cristiano n’aura pas son tir au but, ni son 1er titre majeur avec la selecção. A 27 ans, la prochaine coupe du monde serait vraisemblablement la dernière occasion pour lui d’offrir au peuple portugais un premier succès international. C’est tout le mal que je peux lui souhaiter.

Mes Portugal-Espagne :

20 Juin 2004 (Euro 2004) : L’Euro à la maison ! Le Portugal avait déjà succombé à la pression lors du match d’ouverture, butant sur ces embêtants grecs. Après s’être resaisis face aux russes, les hommes de Luiz Felipe Scolari doivent décrocher leur qualification face aux voisins. Une vrai galère ce match, avec un stress insoutenable. Nuno Gomez avait marqué le but suite auquel le Portugal vit probablement son match le plus long. A rappeler que la Roja était entraînée à l’époque par un certain Iñaki Saez, et que l’équipe comptait encore les Joaquin et Salgado. Une autre époque.

29 Juin 2010 (CDM 2010) : Après une phase de groupe mitigée où les Portugais ont dû leur salut à une grande victoire face aux coréens du nord, l’heure était aux huitièmes de finales. Les Espagnols avaient pris leur vitesse de croisière après des débuts catastrophiques face aux suisses. Carlos Queiroz n’avait que Cristiano comme atout offensif, et se contentait de bétonner derrière avec Tiago et Pepe au milieu. Malgré un brave pressing des lusitaniens, il était écrit quelque part que c’est l’Espagne qui va passer. La délivrance viendra quelques minutes avant le sifflet final. Je me rappelle amèrement que Xavi était hors-jeu, mais pour tout le monde autour, ce n’était qu’un petit détail. Ronaldo quitte le Mondial sur un gros crachat devant les caméras. Deux semaines plus tard, l’Espagne réalise son doublé.

17 Novembre 2010 : Estadio da Luz. Un match qui n’a d’amical que le nom. Le peuple portugais crie à la revanche et Paulo Bento, fraîchement désigné sélectionneur, tient son baptême de feu. La selecção joue avec le maillot extérieur même si elle joue à la maison, comme pour reproduire les mêmes conditions du huitième de finale de Cape Town. Cristiano, chauffé à blanc, a pris le soin de se coiffer en matador. Au café, on regardait le premier match d’Eric Gerets à la tête du Mountakhab à Belfast. A la fin du match, on zappe vers une des chaînes d’Al Jazeera. Cristiano prend le ballon sur l’aile, s’incruste, envoie Piqué à El Jadida * puis lobe Casillas dans la foulée. But de l’année ? Non. Nani pousse le ballon de la tête alors qu’il est hors jeu au départ de l’action, laissant CR7 au bord de la dépression. Le show continue. 4-0 au final. L’honneur est plus que sauf. 

* Suite au match, une montage vidéo a fait son apparition sur les réseaux sociaux. Le crochet de Cristiano sur fond d'une chanson populaire marocaine 'Eh toi qui va à El Jadida, emmène-moi avec toi'. Délice. Sauf que quelques jours plus tard, Piqué écarte les doigts de sa main envers le public du Nou Camp. Madrid et Cristiano subissaient une dure manita.