1.7.12

Fratelli d'Italia!


Le patriotisme me fait peur. Mais celui des Italiens m’emplit de frissons. Fratelli d’Italia, tout un symbole. Les 11 joueurs qui s’étaient entrelacés jeudi soir au premier retentissement de l’hymne italien donnaient l’impression d’être des frères, de vrais. Tous chantaient au mot près, et au moment où la caméra fait son plan sur Buffon, le capitaine, on n’entend plus que lui, de sa voix ferme et belle.

De l’autre côté, la tension est nettement plus basse. L’hymne allemand n’est pas dégueulasse, mais il ne génère pourtant que quelques grimaces et ricanements sur les bouts de lèvres des joueurs teutons. A l’exception de Neuer, Schweinsteiger ou encore Lahm, l’épisode de l’hymne n’avait rien de transcendant. Et si les joueurs allemands n’étaient finalement pas d’authentiques 11 Freunde* ?

Löw en est à sa deuxième demi-finale contre les ritals. En 2006, il était encore adjoint de Klinsmann et constatait gentiment depuis le banc la frappe enroulée de Grosso suivie du lob assassin de Del Piero. 6 ans plus tard, sa Mannschaft est plus forte que jamais. Encensée de tous bords, symbole d’un renouveau allemand par le beau jeu, Coach Joachim abordait ce match dans une toute autre stature que celle arborée en 2006 au WestwalenStadion de Dortmund. Sauf que, sauf que. Löw s’est dit que c’était l’Italie, et qu’on n’affronte pas la Squadra comme on joue le reste de l’Europe.

A l’annonce des onze titulaires allemands, Kroos fait son irruption dans l’entrejeu central. Sachant que ce dernier compte déjà un trio Khedira-Schweinsteiger-Özil, il était clair que l’idée derrière ce renforcement était un marquage plus étouffant sur Pirlo, le faiseur de la nuit et du jour italiens.

Dès le début du match, les cartes se sont brouillées. Kroos et Özil se marchent sur les pieds, ce qui force le deuxième à décaler son positionnement un peu plus vers la droite. De son côté, Prandelli alignaient deux anomalies sur les deux côtés de la défense, Balzaretti à droite et Chiellini à gauche. Les allemands profitent de ce no-man’s land tactique du début de match pour placer quelques attaques, notamment du côté de Chiellini. Sur un centre en retrait de Boateng, Buffon a notamment échappé de peu à un but csc suite à une mésentente avec Barzagli.

Et le jour se leva. Pirlo est aux commandes. Özil repique au centre pour essayer de marquer le Mozart italien. D’une lenteur divine, San Andrea repousse le germano-turc et lève la tête. Le côté gauche est déserté par les allemands. Une beauté de ballon arrive chez Chiellini, vite soutenu par Cassano. Boateng appelle Hummels au renfort, mais le talent du Fantonino suffit pour prendre à contre pied les deux et servir un centre parfait. Devant le but, Badstuber est trop fragile pour enrayer la détente de Balotelli. 1-0.

Sonnés, les allemands n’en reviennent pas. Ils n’ont jamais été dans une telle situation depuis le début de l’Euro. Telle une machine, quand ça va, rien ne lui résiste et les mécanismes se déroulent à merveille. Mais au moindre grain de sable, les pièces maîtresses se désolidarisent, condamnant la machine à la panne. A l’opposée, les italiens ont presque besoin de ces grains de sable pour se transcender. Les Fratelli menés par un padrino affectueux ont souvent trouvé la source de leur motivation dans ces moments difficiles. Des moments que même le capitaine Lahm n’arrive pas à gérer, se laissant tromper par la course d’un Balotelli en ébullition. Tir violent, Neuer tend timidement la main et regarde la ballon s’installant tout en haut de son petit filet.

Le reste du match est un délice pour les joueurs de Prandelli, dégoûtant des allemands complètement à la rue. Sur quelques contres assassins, Di Natale et Diamanti aurait bien pu alourdir l’addition et épargner au peuple de la Botte les quelques frayeurs qui ont suivi le pénalty d’Özil à la 91ème minute.

Dimanche, face à des Espagnols dont le patriotisme n’est pas le point fort, le supplément d’âme des Italiens serait, avec Pirlo et Buffon, l’un de leurs principaux atouts. Forza Italia !



* '11 Amis' .Du nom d'un mensuel allemand consacré au foot. La publication tire son nom du livre de tactique de football de Sammy Drechsel, selon lequel 'si vous voulez gagner, vous devez être onze amis' 

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