1.7.12

Histoire de poteaux...


Ce fût finalement une histoire de poteaux. Certains rentrants, d’autres sortants. Les dieux du foot ont voulu que le tir au but de Fabregas soit concluant malgré ce ballon mou s’écrasant sur le poteau droit de Rui Patricio. Juste avant, le tir de Bruno Alves est beau, imparable mais sur la transversale. L’Espagne, sans brio, est en finale.

Le Portugal avait pourtant chamboulé toutes les prévisions. Pas de possession barcelonista de la part des espagnols, qui ont à peine culminé à 57% à la fin des prolongations.  Les responsables sont à chercher dans l’entre-jeu lusitanien : le trident Meireles-Moutinho-Veloso a étouffé la connexion entre les deux sentinelles Busquets-Alonso et leur meneur Xavi. L’autre anomalie se situait dans l’attaque espagnole. Del Bosque, dans son interminable quête du n°9 parfait, a choisi d’aligner Alvaro Negredo en avant-centre. Face aux distances réduites laissées par le marquage serré des milieux portugais, le monde du football a enfin vu l’Espagne ébranler son sacro-saint ras-de-terre en balançant de longs ballons vers l’attaquant du FC Séville.

Bento a donc réussi là où Prandelli et Bilic l’ont précédé. Par contre, il a des armes de plus. Si le pressing haut du bloc portugais arrivait à faire parvenir le gonfle à Cristiano ou Nani, l’œuvre serait complète. Tant bien que mal, Moutinho et Meireles ont pu provoquer quelques courses des deux MVP. Si Nani n’était définitivement pas dans son meilleur jour, CR7 n’a jamais eu ce dernier mouvement concluant, notamment à 89ème minute où son pied gauche dévisse un tir qui aurait envoyé les espagnols à la casa.

Les prolongations allaient être synonymes de souffrance pour les descendants d’Eusebio. D’autant plus que, émoussés, Veloso et Meireles ont dû céder leurs places à Custudio et Varela. Fragilisé, l’entrejeu lusitanien va exploser avec les entrées des fusées Pedro et Navas, accouplées au replacement de Fabregas dans sa nouvelle position de false nine. L’Espagne finit la rencontre sur les chapeaux de roue devant des portugais de plus en plus poussifs. Les tirs au but sont somme toute l’issue la plus équitable à la rencontre.

Xabi Alonso, tireur attitré de la Roja, est désigné comme premier tireur. Coup de théâtre, Rui Patricio repousse. San Iker relance dans la foulée sa sélection en s’emparant au tir croisé de Moutinho. Pepe marque. Ramos surmonte le syndrome Neuer avec une panenka hésitante. Nani prend en contrepied Casillas. Piqué continue le sans-faute des défenseurs. Un sans-faute qui prendra fin avec ce tir violent de Bruno Alves, repoussé par la transversale. Fabregas a le destin de la Roja entre les mains. L’ex-capitaine d’Arsenal n’en est pas à son premier péno. Il tremble un peu. Son ballon, un peu écrasé, rebondit sur le gazon de Donetsk avant croiser le poteau droit. Intervention divine, le ballon file dedans. Cristiano n’aura pas son tir au but, ni son 1er titre majeur avec la selecção. A 27 ans, la prochaine coupe du monde serait vraisemblablement la dernière occasion pour lui d’offrir au peuple portugais un premier succès international. C’est tout le mal que je peux lui souhaiter.

Mes Portugal-Espagne :

20 Juin 2004 (Euro 2004) : L’Euro à la maison ! Le Portugal avait déjà succombé à la pression lors du match d’ouverture, butant sur ces embêtants grecs. Après s’être resaisis face aux russes, les hommes de Luiz Felipe Scolari doivent décrocher leur qualification face aux voisins. Une vrai galère ce match, avec un stress insoutenable. Nuno Gomez avait marqué le but suite auquel le Portugal vit probablement son match le plus long. A rappeler que la Roja était entraînée à l’époque par un certain Iñaki Saez, et que l’équipe comptait encore les Joaquin et Salgado. Une autre époque.

29 Juin 2010 (CDM 2010) : Après une phase de groupe mitigée où les Portugais ont dû leur salut à une grande victoire face aux coréens du nord, l’heure était aux huitièmes de finales. Les Espagnols avaient pris leur vitesse de croisière après des débuts catastrophiques face aux suisses. Carlos Queiroz n’avait que Cristiano comme atout offensif, et se contentait de bétonner derrière avec Tiago et Pepe au milieu. Malgré un brave pressing des lusitaniens, il était écrit quelque part que c’est l’Espagne qui va passer. La délivrance viendra quelques minutes avant le sifflet final. Je me rappelle amèrement que Xavi était hors-jeu, mais pour tout le monde autour, ce n’était qu’un petit détail. Ronaldo quitte le Mondial sur un gros crachat devant les caméras. Deux semaines plus tard, l’Espagne réalise son doublé.

17 Novembre 2010 : Estadio da Luz. Un match qui n’a d’amical que le nom. Le peuple portugais crie à la revanche et Paulo Bento, fraîchement désigné sélectionneur, tient son baptême de feu. La selecção joue avec le maillot extérieur même si elle joue à la maison, comme pour reproduire les mêmes conditions du huitième de finale de Cape Town. Cristiano, chauffé à blanc, a pris le soin de se coiffer en matador. Au café, on regardait le premier match d’Eric Gerets à la tête du Mountakhab à Belfast. A la fin du match, on zappe vers une des chaînes d’Al Jazeera. Cristiano prend le ballon sur l’aile, s’incruste, envoie Piqué à El Jadida * puis lobe Casillas dans la foulée. But de l’année ? Non. Nani pousse le ballon de la tête alors qu’il est hors jeu au départ de l’action, laissant CR7 au bord de la dépression. Le show continue. 4-0 au final. L’honneur est plus que sauf. 

* Suite au match, une montage vidéo a fait son apparition sur les réseaux sociaux. Le crochet de Cristiano sur fond d'une chanson populaire marocaine 'Eh toi qui va à El Jadida, emmène-moi avec toi'. Délice. Sauf que quelques jours plus tard, Piqué écarte les doigts de sa main envers le public du Nou Camp. Madrid et Cristiano subissaient une dure manita. 


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