12.5.12

Petite Europe, belle Europe!


Elles ont un charme fou ces finales européennes, même les petites. Si le Real s’est arrêté à l’avant-dernière marche de la C1, le cousin germain a joué hier sa deuxième finale en trois ans. Il y a deux ans, les colchoneros sont parvenus au toit de la (petite) Europe en venant à bout d’une valeureuse équipe de Fulham. Quique Sanchez Flores avait pu offrir un titre à un club dont les supporters étaient réputés pour être les plus tristes du vieux continent.

Deux ans plus tard, Forlan n’est plus là. C’est Falcão qui prend la relève. Le Colombien est entourée d’un effectif charmant, notamment avec Diego Ribas, Arda Turan ou encore le jeune Adrian. Les débuts n’ont pourtant pas été faciles : Gregorio Manzano, l’ex-coach de Majorque, n’a pas réussi à faire prendre la tant attendue mayonnaise, perpétuant la lose  qui s’est depuis longtemps installé de ce côté du Manzanares.

Enrico Cerezo, malheureux président, ne désespère pas. Il parvient à convaincre Diego Simeone de prendre les reines d’une équipe dont il a été le taulier plutôt dans les années 2000. Le 23 décembre a marqué un tournant spectaculaire dans la saison des matelassiers. Ils ne perdront aucun match jusqu’à ce qu’ils butent, non sans démériter, sur le Barça au Caldéron. La suite est un peu en dents de scie, mais El Cholo maintient le cap en Europa League. La campagne a été longue, du Lazio à Hannovre et arrivant au carré final face à Valence. La finale est elle aussi purement ibérique, face aux basques de Bilbao.

Un Falcão aux crochets dévastateurs
Le décor est beau. Un Nationala Arena de Bucarest endimanché et deux belles équipes. Le monde du foot s’attend à ce que l’Athletic pose le jeu devant un Atletico procédant en contre. C’était sans compter sur Falcão. Le colombien garde toujours en mémoire son but salvateur face à Braga en finale, il y a tout juste une année.  Quand il reçoit ce ballon en cloche à l’entrée de la surface, il ne se pose pas de questions. L’enchaînement est instinctif, inscrit dans les gênes. Iraizoz ne peut qu’admirer le ballon enveloppé enlaçant les filets. Mais les basques, quoique jeunes, ne sont pas nés de la dernière pluie. United et Schalke - excusez du peu - ont en eu l’amère expérience. Bielsa, entraîneur atypique, a reçu des éloges de toutes parts vu la mutation qu’il a opéré chez l’Athletic Bilbao. En effet, ce club était plutôt réputé violent, au jeu haché et exclusivement basé sur les longs ballons. Cette saison a vu l’émergence d’une toute autre image, illustrée par la nouvelle garde du Pays Basque. Les Munain, Ander Herrera, Susaita, De Marcos, Ibai et Mikel San José ont permis à l’entraîneur argentin de mettre en place un jeu alléchant, frais, direct, basé sur des enchaînements dont seuls Bielsa et ses poulains ont le secret.

L’Atletico accuse. Les post-pubères basques exhibent leurs qualités mais ne parviennent pas à tromper la vigilance d’une paire Miranda-Godin très solide. Une solidité par laquelle ne sauraient être qualifiées les bases arrière de Bilbao. Sur son deuxième face-à-face avec Falcão, Aurtenetxe ne peut résister au sublime crochet de l’héros madrilène. 2-0. Aurtenetxe , sorti à la mi-temps, ne refoulera plus l’herbe roumaine.

Diego s'effondre
Cette finale semble plus facile que celle contre Fulham à Gelsenkirchen. Pourtant, un but basque relancerai des lions qui ne s’économiseront pas sur leur première finale européenne. Courtois, le gardien belge, s’occupe tout au long de la seconde période d’écarter cette éventualité, jusqu’au moment fatidique où Diego reçoit le ballon. Une course magnifique, une feinte toute en douceur sur Amorebieta, puis un tir croisé à ras-de-terre qui part caresser la cage d’Iraizoz. Diego s’effondre en larmes. Il avait déclaré plutôt dans la soirée qu’il jouait « le match le plus important de sa carrière ». Une carrière d’abord prometteuse où il est le dépositaire du jeu et l’idole au Werder Brême. La Juve le prend à 24 millions, pour le brader deux ans plus tard au Wolfsburg (15 millions). Félix Magath ne voulant plus de lui, il est prêté sans option d’achat à l’Atletico. Ce but est ainsi chargé d’un concert d’émotions pour le milieu brésilien.

Ce ne fût pas l’unique moment émouvant de la partie. La fin du match a vu s’effondrer sur le gazon toute cette génération dorée qui aura étonné l’Europe cette année. Des larmes qui donnent une dimension quelque part humaine à cette Europa League, tant dénigrée, mais jamais avare en mémorables instants.


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